Comment soutenir un proche qui écrit ?

L’écriture est une passion dévorante qui oblige à la remise en question perpétuelle, de soi comme de ses ambitions, de ses capacités, de son talent et de son travail. Ma relation avec l’écriture est presque obsessionnelle et ce n’est pas toujours évident pour mon entourage de comprendre comment je peux passer brutalement de la pile électrique à une ermite vivant recluse dans sa chambre, avec son pc et ses carnets de note pour unique compagnie. Et puis, soyons honnêtes, une telle passion laisse peu de place pour quelqu’un d’autre dans ma vie : quand je suis sur un roman, je ne vis plus que pour lui. Lorsque j’ai écrit mon premier roman, je mangeais La Brèche, je dormais La Brèche, je respirais La Brèche, et je ne donnais plus beaucoup signe de vie à mes proches. J’ai donc décidé de vous parler de l’envers du décor et de traiter d’un sujet dont on ne parle pas souvent : la difficulté de vivre avec quelqu’un qui a une passion envahissante. Bien sûr, je vais m’axer sur l’écriture, mais je pense que cet article peut parler à bien des gens. Que vous soyez parent, amant ou ami, si l’un de vos proches s’est lancé dans l’écriture d’un roman, voici comment le soutenir !

Ben oui, parce qu’écrire un roman ça peut vite nous transformer en loque humaine, alors on a besoin de soutien.

 

Ne le découragez pas !

Votre meilleur ami débarque un matin en vous annonçant, tout fier, qu’il vient de se lancer dans l’écriture d’un roman, qu’il est super excité par ce nouveau projet et qu’il espère pouvoir vivre de sa plume un jour. Dans la lancée, il vous explique que c’est l’histoire d’un groupe de copains de petite taille avec des pieds poilus qui part faire fondre une bague,  sortie un peu de nulle part et qui a tendance à rendre son propriétaire quelque peu maboul, et ce groupe va croiser des mecs plutôt snobs avec les oreilles taillées en pointe puis des nains un peu bourrus, et dans le lot il y a un paquet de bestioles bien moches qui sont à leurs trousses parce que d’autres gars voudraient bien entrer en possession de cette fameuse bague. En entendant cela, horrifié, vous vous empressez de dire à votre ami que son histoire est absurde, que cela n’intéressera jamais personne, qu’il ferait mieux de retourner remplir des fichiers excel toute la journée pour mettre du pain sur la table parce que, soyons réalistes, il ne gagnera jamais 1 centime  avec ce texte délirant. Bam, vous venez de décourager J.R.R Tolkien, le Seigneur des Anneaux ne verra jamais le jour, des millions de dollars passeront sous le nez de ses descendants et de Peter Jackson. Vous ne voulez pas faire une telle connerie ? Dites à votre ami de ne rien lâcher, d’aller au bout de son roman, puis lisez-le avant d’en juger le contenu. Oui, il y a de fortes chances pour que ce soit une daube indigeste, mais vous découvrirez peut-être un vrai bijou, ou tout du moins un premier jet avec un potentiel certain qui, avec du travail et vos encouragements, pourrait évoluer en un roman pas mal du tout. Et votre optimisme vous vaudra sûrement une jolie mention dans la page des remerciements.

Allez, on y met du cœur et de la bonne volonté, même si on n’est pas du tout convaincu.

Soyez constructif… Et, surtout, honnête !

Si le proche en question vous parle de son projet d’écriture, qu’il soit en cours, terminé ou encore qu’une ébauche, cela signifie que cette personne a confiance en vous. Alors certes, il y a toujours des gens qui ont besoin de crier sur tous les toits qu’ils sont en train d’écrire un livre, et qui passent plus de temps à en parler qu’à écrire vraiment, mais partons du principe que votre proche est très investi dans son travail d’écriture et que le fait qu’il vous en parle témoigne de l’attachement particulier qu’il vous porte : soyez à la hauteur de cette confiance en donnant un avis sincère sur son travail. Vous ne lui rendrez pas service en clamant haut et fort que son histoire est formidable, que c’est un futur best-seller, qu’il a une plume merveilleuse, alors que l’intrigue n’a ni queue ni tête et que son style ne tient pas la route. Il est difficile pour un auteur d’être objectif sur son travail tant il a le nez collé à son texte : certains jours il se prendra pour le prochain Goncourt tandis que d’autres, plus fréquents, il se considérera comme le pire des bons à rien. Quel que soit votre verdict, cette personne le prendra pour du pain béni et se laissera sûrement convaincre sans discuter que son texte est un chef d’œuvre ou, au contraire, une vraie torture à lire. Mais les maisons d’édition, elles, ne passent pas par 4 chemins, et si vous prétendez que le manuscrit est extraordinairement génial, votre proche risque de tomber d’encore plus haut lorsque 15 lettres de refus viendront inonder sa boîte aux lettres. Même si vous détestez, prenez votre courage à deux mains pour exposer clairement pourquoi vous n’avez pas aimé l’histoire et soulignez tout de même les points positifs sur lesquels travailler. N’oubliez jamais de préciser que ce n’est que votre avis et encouragez votre proche à faire lire son texte à d’autres personnes : c’est encore mieux si ce sont des inconnus qui pourront donner leur verdict de manière totalement neutre et objective. Plusieurs avis de personnes d’horizons divers, aux goûts différents, devraient permettre à votre proche de se faire une idée précise de la réception de son texte. Idem si vous adorez : expliquez ce qui fonctionne dans le texte et allez chercher la petite bête sur toutes les incohérences possibles ou la moindre partie qui vous a moins plue afin d’aider l’auteur à progresser et à retravailler son texte. En gros, soyez honnête mais ayez l’art et la manière de dire les choses et n’oubliez pas d’être constructif. Pour rappel, « C’est de la merde » n’est pas un avis. Mais pour info « C’est bien » non plus.

« Appelons un chat un chat ! » Clairement, allez droit au but. (Mais avec un peu de diplomatie quand même).

Acceptez que votre proche n’ait pas le même rythme de vie que vous

Vivre de l’écriture est très difficile. Si c’est un premier roman, dites vous bien que personne ne vous attend sur la scène littéraire, qu’on ne vous signera aucune avance pour pondre votre texte et, à moins d’avoir déjà publié quelques bouquins dont les ventes sont respectables, vous ne toucherez pas non plus d’avance pour un 18e roman publié chez Tartempion. C’est pourquoi l’entreprise d’un tel projet peut être à ce point chronophage ! Imaginez concilier votre travail/vos cours, votre vie sociale, vos obligations quotidiennes, un projet qui requiert des centaines d’heure d’écriture et devoir caser quelques heures de sommeil dans le lot. Forcément, il faut bien empiéter sur une activité. Pour ma part, les phases d’écriture m’obsèdent tellement que je réduis ma vie sociale sans aucune frustration : écrire est un besoin, je ne me vois nulle part ailleurs que devant mon clavier. Et je grignote par-ci par-là quelques heures de sommeil parce qu’une fois qu’on est lancé… Difficile de s’arrêter ! Ainsi, il n’est pas rare que je m’enferme un week-end entier sans voir personne et que j’écrive jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Je sais que certains auteurs se lèvent vers 4 ou 5 heures du matin pour écrire une paire d’heures avant d’aller travailler, ou se couchent aussi très tard comme moi. C’est un mode de vie à part, pas très fun à partager pour quelqu’un qui ne partage pas la même passion. Oui, c’est casse-pied de devoir traîner votre enfant ou votre partenaire à une soirée où il n’a pas du tout envie d’aller parce qu’il ne veut rien faire d’autre qu’écrire, oui c’est insupportable de devoir attendre six heures pour avoir une réponse à un message, oui c’est agaçant d’être avec quelqu’un qui a plus souvent la tête dans la lune que les pieds sur Terre. Je le conçois totalement. Mais accepter ce mode de vie décalé et comprendre que ces phases de repli sur soi ne sont souvent que temporaires vous facilitera la vie. Tout est question de compromis : ne laissez pas votre proche se couper complètement du monde (et de vous) s’il se laisse trop absorber par l’univers qu’il est en train de créer, mais rien ne sert de lui reprocher sans cesse d’être toujours le nez sur son clavier ou dans ses carnets. Il faut bien comprendre qu’un bon roman nécessite énormément d’heures de travail, que s’il est difficile de trouver l’inspiration certains jours, ou que votre proche se décourage, d’autres jours bénis des muses aboutissent à une progression incroyable dans l’écriture et l’élaboration de l’intrigue : dans ces cas-là, imaginez que votre proche est un chirurgien. Vous n’iriez pas l’embêter pendant une transplantation parce qu’il ne vient pas au PMU avec vous, n’est-ce pas ? Et bien là, c’est pareil. S’arracher les cheveux jusqu’à 4 heures du matin sur une histoire que l’on se raconte avant tout à soi-même est un mode de vie singulier mais pas moins légitime qu’un autre. Après, tout est question de compromis : rien ne sert de culpabiliser votre proche pour la vie sociale qu’il délaisse, mais ce n’est pas pour autant qu’il doit oublier la vraie vie qui se déroule derrière la porte de son bureau. J’écris ce point plus pour souligner que les jugements de valeur sur le fait de se replier sur soi pour écrire, même si le texte n’aboutira peut-être jamais à rien, m’horripile au plus haut point. Quand j’écrivais La Brèche, j’ai souvent entendu « Mais ça fait déjà 3 soirées que tu manques » « Tu n’as rien fait aujourd’hui, du coup tu peux faire ça pour moi ? » « Mais t’as pas mis le nez dehors aujourd’hui, viens on va faire un tour », comme si écrire n’était pas une vraie activité, que cela ne me demandait pas un vrai travail. Un auteur n’a pas d’horaires de bureau, il est assez soumis à l’inspiration quand bien même il s’efforce de suivre une certaine discipline, et il n’est pas rare de passer 11 à 12 heures d’affilée à écrire, jusqu’à en oublier de prendre son dîner. Alors respectez ce travail et n’agissez pas comme si votre proche s’était tourné les pouces toute la journée : créer n’est pas moins important qu’exécuter.

« Je ne suis pas grincheux, je veux juste finir mon travail » : ce qu’il faut comprendre quand l’auteur en question veut voir son histoire progresser et qu’il faut pour cela écrire, a.k.a travailler, mais que les gens pensent qu’il ne fait rien.

 

Et puis, accessoirement, vous pouvez lui signer un chèque, parce que scribe n’est pas vraiment une bonne situation…


 

J’espère que cet article vous aura plu, cela faisait un petit moment que je n’avais pas parlé d’écriture et cela me manquait vraiment. Dans le prochain article, je vous emmène de nouveau en Thaïlande, et si vous n’avez pas commencé à suivre mes aventures thaïes (ou que vous voulez vous faire plaisir en les relisant), c’est par ici pour le début !

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4 Comments

  1. nokomisblog

    juillet 23, 2017 at 4:10

    Merci beaucoup pour cet article ! ?

    1. Pauline Perrier

      juillet 23, 2017 at 4:14

      Contente qu’il t’ait plu et merci pour ton passage 🙂

  2. Petite pastèque

    juillet 23, 2017 at 4:15

    La meilleure partie pour les proches, c’est de lire tes nouveautés ! #truestory #groupie4ever

    1. Pauline Perrier

      juillet 23, 2017 at 4:16

      Oh, c’est trop gentil ! Merci beaucoup ❤

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