Les clichés sur les auteurs

Bonjour à tous !

Il y a peu, j’ai rejoint une communauté de blogueuses (le café des blogueuses), qui propose régulièrement des challenges d’écriture, en plus de la possibilité de rencontrer plein de nouvelles personnes. Cette semaine, l’un des thèmes m’a interpellée : cliché.

C’est un sujet très vaste, qui offre mille opportunités d’articles, mais j’ai décidé de vous parler des clichés sur les auteurs. J’écris depuis toute petite, et bien que ma publication soit très, très récente, et que je ne me considère pas comme une écrivain, mais juste comme quelqu’un qui a publié un roman (oui, pour moi ça fait une différence, j’en parlerai sûrement dans un autre article), je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de clichés sur les auteurs. Alors en voici un petit florilège.

Je précise toutefois que ce qui suit est tiré de mon expérience personnelle, de ma propre vision des choses, des clichés que j’ai pu entendre en général, ce qui en fait un constat très subjectif.

  1. Écrire, c’est facile, tout le monde peut le faire

Alors non, écrire ce n’est pas facile. C’est une activité extrêmement chronophage, qui requiert un investissement total. Pour moi, c’est carrément une obsession : quand j’ai une idée en tête, elle me taraude, m’accapare l’esprit, et il faut que j’aille au bout pour passer à autre chose. C’est quasiment une drogue, une pulsion qui me tire du lit la nuit. Quand on écrit, on met assez régulièrement sa vie sociale de côté, parce que ce n’est pas facile d’écrire chez Tonton (si vous n’êtes pas de Toulouse, c’est un bar très connu de la place Saint-Pierre), serrée au milieu d’une équipe de rugby, avec tes potes qui chantent la boiteuse et le risque de se prendre douze demis et cinq pastis sur l’ordi (et encore, si t’arrives à shotgun une table) ou ton carnet de notes. Aussi, on peut avoir du talent à en revendre, il faut travailler son texte encore et encore, vérifier la cohérence de toutes les scènes, la solidité du scenario et s’assurer qu’il n’y a plus de portes ouvertes (en gros, si tu parles de Mémé Jacqueline en page 23, puis qu’elle disparaît sans raison du scénario, ‘faut arranger ça). Pour ma part, il y a des scènes que j’ai réécrit plein de fois avant d’en être satisfaite, ou de finir par les supprimer. Donc non, écrire ce n’est pas facile, et on s’arrache même souvent les cheveux.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu(e), rappelez-vous du temps que vous mettiez pour faire vos dissertes au lycée, et de la galère que c’était, tout ça pour finir avec un 12. Maintenant, multipliez par 60.

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Voilà, c’est Lisa Simpson qui vous le dit : écrire c’est le truc le plus dur au monde.

2. Les auteurs sont asociaux et complètement perchés

Heu… Peut-être un poil, mais c’est plus propre à la personne en question qu’au statut d’auteur. Il y a plein d’asociaux et de gens complètement perchés qui n’ont jamais écrit une ligne. Comme mentionné en 1), oui, écrire conduit parfois à mettre sa vie sociale de côté. Toutefois, l’auteur a besoin de sortir de sa tanière pour trouver l’inspiration, de s’imprégner du monde pour mieux le dépeindre. N’est pas Emily Brontë qui veut (bah ouais, elle a quand même écrit une œuvre majeure de la littérature anglaise en restant cloitrée la majeure partie de sa vie dans un presbytère. Ça pèse.)

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Si vous avez suivi, c’est la conclusion logique de ce deuxième point.

3. Les auteurs écrivent par passion et vivent d’amour et d’eau fraîche

Oui, on écrit par passion. J’ignore s’il est possible de rester autant d’heures face à un clavier (ou une feuille pour les plus Old School), d’accepter de se remettre autant en question et d’affronter autant de périodes de découragements, tout ça pour pondre une œuvre qui a peu de chance de retenir l’attention de quiconque un jour, si on n’a pas les tripes qui ne vibrent que pour ça. En revanche, un auteur est un être humain comme tout le monde qui a des factures à payer, un estomac à remplir et qui n’aime pas spécialement se geler les meules pendant l’hiver. Alors oui, demander à un auteur d’écrire des articles gratuitement parce que ça va lui faire de la pub (coucou ma vie de web-rédactrice), c’est abusif. Attendre de lui qu’il distribue des exemplaires à tours de bras ou le payer 3,5€ pour 500 mots aussi.

Quand j’ai su que mon livre allait être publié, il y a eu deux types de réactions autour de moi :

  1. « Mais c’est trop génial, dis-moi dès qu’il est dispo, je cours l’acheter ! Je vais dire à tous mes potes, ma famille et Chuck Norris de le commander. Je veux TROP une dédicace ! »
  2. « Ah c’est trop cool, tu vas t’en mettre plein les poches. Tu me files un exemplaire, hein ? »

Je vous laisse deviner quelle est la bonne réaction. Parce que ouais, même si vous êtes l’oncle, la soeur, le meilleur ami de l’auteur, ou même le saint-esprit, ça ne vous donne pas un accès gratuit à son ouvrage. Déjà parce que la maison d’édition ne donne qu’une quantité minime d’exemplaires (j’ai eu la chance d’en avoir 5, certaines n’en donnent qu’un), et qu’une fois qu’on a pris le sien, et qu’on en a filé un à ses parents, ben on a seulement envie d’offrir ceux qui restent à des gens qui comptent vraiment. Du style : ta meilleure amie qui a lu la moindre daube que tu lui as mis sous le nez et qui t’a aidée à progresser, ton frère qui a cru en toi dès le premier jour, la Reine d’Angleterre parce que t’espères encore avoir une chance avec le prince Harry… (Rayez la mention inutile). Et ce point est valable pour toutes les professions artistiques, qu’on se le dise.

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Mais non Cyprien, les gens respectent le travail des artistes voyons. Tu n’as jamais lu « La cigale et la fourmi ? »

4. Une fois que tu es publié(e), tu es sur la voie de la richesse

Personnellement, tout ce qui m’intéresse c’est d’être lue. J’écris parce que c’est un besoin, une passion, que j’ai des choses à dire, et j’estime qu’une fois achevés, mes textes ne peuvent encore exister que s’ils sont lus, que des lecteurs leur donnent vie. Toutefois, en lien avec le point 3), il y a quand même peu de chances de finir millionnaire. Déjà parce qu’un contrat type propose entre 8 et 12% de droits d’auteur (oui, même si c’est toi qui a accouché des 300 pages, il y a toute une équipe autour du livre, des partenaires etc., et eux aussi aiment bien payer leurs factures et manger tous les jours). Donc, tu reçois une part du gâteau qui est ce qu’elle est, et tu dois la recouper pour en filer un peu à l’Etat, parce que sinon c’est pas drôle. Je vous laisse faire le calcul. En gros, si t’es pas J.K Rowling, George R.R Martin ou Stephen King, y a quand même peu de chance pour que tu puisses payer toutes les tournées au bar jusqu’à la fin de tes jours. Désolée les copains.

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Sinon, je vous jure que je paierai toutes vos pintes pour toujours.

5. Parce que tu écris, tu parles toujours bien

Il y a quelques semaines, j’ai sympathisé avec une erasmus chinoise qui est en cours avec moi. On s’est ajoutées sur facebook, puis un jour elle me dit qu’elle aimerait bien apprendre des expressions du sud. Elle a déjà quelques notions de français, alors je lui demande si elle veut aussi apprendre des insultes, parce que les français ont un langage assez fleuri, surtout dans le sud où les « putain » et compagnie sont des mots de liaison. Surprise mais ravie, elle m’a répondu « je n’osais pas te demander, j’ai vu que tu avais publié un livre, alors je pensais que tu ne disais pas de gros-mots ». En somme, pour elle : auteure = pas d’injures et un langage irréprochable. En soit, c’était adorable, mais ça m’a fait remarquer que les gens sont généralement surpris si je fais une faute d’inattention ou que je ne parle pas très correctement. D’ailleurs, si vous lisiez mon livre sans savoir que c’est moi, l’auteure de ce blog, qui l’a écrit, il y a peu de chance pour que vous fassiez le rapprochement. Dans la vie de tous les jours, je suis assez directe, et sur ce blog je me permets également un style plus libre. En revanche, bien que j’aie à cœur de ne pas avoir une écriture pompeuse, et d’être aussi naturelle que possible, je cherche beaucoup plus le rythme, la mélodie des mots, dans mes textes. C’est différent parce que je prends vraiment le temps de réfléchir à la tournure des phrases, que je choisis plus soigneusement mes mots, bref, que je fais en sorte de pondre quelque chose de vraiment agréable à lire. Enfin, je fais ce que je peux.

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6. Les auteurs sont des divas à la vie dissolue

Encore une fois, c’est fort probable que l’on en rencontre, mais c’est intrinsèquement lié à la personnalité de l’écrivain en question (vous avez vu ? Je mets des mots compliqués pour aller avec le point n°5). C’était sûrement très vrai quand les poètes maudits étaient à la mode et qu’on dormait dans les caniveaux après avoir quitté sa famille pour son amant et être passé par la case prison (coucou Oscar Wilde), qu’on se lamentait sur son amour perdu (merci George Sand d’avoir brisé le cœur de Musset, grâce à toi il nous a livré parmi les plus beaux poèmes de ce monde) ou qu’on lui tire carrément dessus (façon romance torturée à la Rimbaud et Verlaine), ou tout simplement quand on s’appelle Bukowski. Mais, dans l’ensemble, je crois qu’il y a pas mal d’auteurs assez équilibrés et respectueux. Bon, admettons un léger grain de folie, sinon les auteurs ne seraient pas aussi intéressants.

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Mais puisqu’on te dit que non… Ou juste un peu alors.

7. Être auteur, ce n’est pas un vrai métier

Dès que tu travailles chez toi, les gens ont l’impression que tu passes la journée à t’empiffrer de michokos en plein binge-watching de séries, encore en culotte ou dans le même pyjama que tu portais déjà le dimanche de la semaine passée. Alors, je plaide coupable, quand j’enfile ma casquette d’auteure ou de web-rédactrice, je prends rarement la peine d’enfiler un jean au profit de leggings ou de survêts, en revanche je bosse pour de vrai. Même que je fais des recherches et que parfois je termine un chapitre à 4h du matin. Oui, même si je me suis mise à écrire à 13h. C’est juste une façon de fonctionner différente de celle des salariés traditionnels, déjà parce que je ne suis pas salariée, puis parce que je suis une artiste et donc je fais ce que je veux (cf image du point n°6). Et c’est vrai que ça me permet de temps en temps de m’accorder un jour où je n’écris pas, car je suis à jour dans mes articles et que je n’ai pas d’inspiration pour le roman sur lequel je bosse. Pour l’instant, je n’en vis absolument pas car je suis encore étudiante, et même si je n’envisage pas de devenir web-rédactrice à temps plein, j’espère que je pourrais vivre un jour de mes livres, parce que c’est la seule chose que j’aime vraiment faire et qui me rend heureuse de me lever le matin. Et, au risque de vous surprendre, je ne veux pas d’une vie où je ne suis pas heureuse de me lever le matin parce que je déteste mon job, donc l’écriture s’impose comme un choix plutôt logique.

Last but not least, être auteur c’est un vrai métier. Le monde a plus besoin de conteurs que de traders. Je vous jure que c’est pas une blague : lire est bien plus important pour votre esprit que suivre le cours de la bourse. Trop peu de gens s’en rendent compte, et c’est pour ça que le monde n’est pas aussi sympa qu’il pourrait l’être.

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Alors on dit merci aux auteurs de nous vendre du rêve (je parle des auteurs en général, hein. Promis, je n’en profite pas pour me jeter des fleurs).

Et vous, quels clichés vous viennent à l’esprit concernant les auteurs ? Le thème « cliché » vous aurait fait penser à quoi ?

Pssst : Un blog, c’est avant tout un lieu d’échange, alors n’hésitez pas à consulter l’un de ces blogs avant de partir.

Bibliblog : Une chouette expat’ au Japon qui nous fait part de toutes ses découvertes au pays du soleil levant, de ses voyages alentour, ainsi que de chroniques littéraires. Un super cocktail à déguster sans modération !

La pomme qui fait du rock : Un blog axé musique et littérature, plein de fraicheur et de petits articles pratiques et rigolos. En plus, Laetitia est très sympa.

Bougie d’automne : Sur ce blog, les voyages sont aussi au rendez-vous ! Le tout arrosé d’articles lifestyle, de recettes et de billets d’humeur très agréables à lire.

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17 Comments

  1. meslivresouverts

    mars 31, 2017 at 11:22

    J’ai eu un cliché pas mal il y a quelques temps, pas seulement sur les auteurs mais sur les gens qui veulent publier leurs livres en général : « De toute façon, tu ne peux publier un livre que si tu es copain avec l’éditeur ou que tu es déjà connu. » Alors dans un sens, il n’y a qu’une poignée de personnes qui arrivent à se faire publier, mais bon… Avant d’être connu, il faut bien publier un premier livre ! Et inutile de l’expliquer à celui qui m’a dit ça, ou de lui parler d’auto-édition ou de talent, il n’en démordait pas. L’édition n’est pour lui qu’un cercle fermé de copains qui boivent des apéros ensemble tous les dimanche en se remplissant les poches 😉

    1. Pauline Perrier

      mars 31, 2017 at 11:25

      Bien d’accord avec toi. J’ai failli mettre ce cliché là ! Mais il y a tellement à dire que j’envisage d’en faire un article complet un jour. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’entre-soi dans le milieu d’édition, mais ce n’est pas parce qu’une porte est difficile à ouvrir qu’elle est verrouillée a triple tour !

  2. mapiquredebonheur

    mars 31, 2017 at 4:23

    J’adooooore cet article, tu as traité le thème à merveille !

    1. Pauline Perrier

      mars 31, 2017 at 4:25

      Merci 🙂 Contente que ça t’ait plu, j’ai hâte de lire les autres articles et de voir les prochains thèmes.

  3. Sophie DEGREMONT

    avril 2, 2017 at 8:19

    J’adore 😀 ! y a quasiment les mêmes clichés pour les graphistes, c’est carrément chiant x) et le « tu me fait un logo, jte fais de la pub » il me TUE ! j’aime bien répondre à ces gens « tu me construit une maison, jte fais de la pub ! » enfin bref ^^ que des clichés ! belles découvertes aussi pour les 3 blogs !
    jte fais des bisous 🙂

    1. Pauline Perrier

      avril 2, 2017 at 8:22

      Génial pour la comparaison avec la maison ! C’est clair que les graphistes en entendent de bien bonnes aussi…
      À bientôt 🙂

  4. bibliblogueuse

    avril 3, 2017 at 12:41

    Merci pour cet article tellement vrai (et merci aussi pour la mention de mon blog, c’est adorable <3 ) ! Comme tu l'écris si bien, pour un certain nombre de personnes, le travail à la maison n'est pas un travail et le travail intellectuel n'est pas un travail non plus. Alors évidemment, quand écrivain combine les deux… Même si la concurrence est féroce et qu'il est difficile d'en vivre, tu as raison de foncer si c'est la seule chose qui te fait vibrer. Maintenant que tu as déjà été éditée, ça devrait être plus facile. Bonne continuation et tiens bon !!!

    1. Pauline Perrier

      avril 3, 2017 at 12:54

      Merci pour tes mots, et cela me faisait vraiment plaisir de mentionner ton blog que j’aime beaucoup !
      A bientôt 🙂

  5. Journaldel'aurore

    avril 3, 2017 at 3:32

    Très bel article ! Tout ce que tu expliques me parle beaucoup même si je n’ai pas publié de livre lol ^^

  6. Rachel

    avril 4, 2017 at 6:47

    J’avoue, la plupart reviennent souvent ! C’était très divertissant à lire, et félicitation pour ton livre 🙂

  7. MN

    avril 21, 2017 at 8:39

    Merci Pauline pour cet article original et pour le partage de ton expérience d’auteur. Des clichés ou stéréotypes il en existe un peu sur tout tellement ancrés qu’il est difficile d’y échapper! Personnellement je n’ai pas été trop confronté à des a prioris sur mon écriture. Il faut préciser que mes publications (par un blog et un petit recueil ainsi que l’écriture en cours d’un roman) sont récentes. Par contre j’ai un peu plus d’expérience en tant que photographe dont l’activité m’a permis de me confronter à certains clichés tenaces! En faisant mes études en psychologie aussi, je garde souvenir de quelques anecdotes. Conclusion: rester soi et suivre son chemin. Bonne continuation de la part d’une toulousaine!

    1. Pauline Perrier

      avril 21, 2017 at 8:41

      Chouette, une toulousaine ! Merci pour votre message, et en effet je pense que les clichés sur les métiers artistiques se recoupent. Bonne continuation dans votre projet de roman !

  8. Conseils pour venir à bout de son roman – Pauline Perrier

    juin 3, 2017 at 11:39

    […] les auteurs après le point final d’un ouvrage ?, Les différents types d’édition ou encore Les clichés sur les auteurs pour approfondir le […]

  9. Petite pastèque ?

    septembre 2, 2017 at 10:09

    T’es trop blindée uej????

    1. paulineperrier

      septembre 3, 2017 at 2:37

      Tout à fait !

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