Conseils pour venir à bout de son roman

J’imagine qu’il doit bien exister des auteurs capables de pondre un roman d’une traite, sans la moindre phase de découragement ou de doute (un peu à la Kafka, qui a écrit Le Verdict en une nuit et La Métamorphose en quelques semaines). Bon, je ne dis pas que Kafka n’a jamais douté de la qualité d’un texte mais, quand même, le gars écrivait super vite et ce n’est pas hyper commun.

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Un peu comme ça, quoi

Pour ma part, en revanche, l’écriture de certains textes s’apparente plus à une balade en vélo, sauf que le vélo serait en feu et qu’une meute de chien me courserait en poussant des aboiements enragés. En gros, c’est pas de la tarte. Je doute, je m’arrache les cheveux, je fais de petits complexes d’infériorité bien sympatoches (oui, j’ai décidé de remettre ce mot à la mode) et je dois prendre mon âme à bras le corps pour en extraire une matière suffisamment solide apte à nourrir mon écriture. Concrètement, du moment qu’il s’agit de poser ses tripes sur la table, on se met complètement à nu et donc on est gêné, puis la métaphore indique que l’on s’éventre, que l’on se donne entièrement, et vous vous doutez bien que ça pique un peu, une telle action. Comme on se décourage souvent dans cette entreprise, certes exténuante, mais tellement enrichissante, j’ai décidé de vous donner quelques conseils pour finir son roman.

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Regardez : bien qu’en feu, le monsieur a l’air en pleine promenade de santé. Alors on fonce, roulez jeunesse !
  1. Gardez vos projets secrets

Quand on a une super idée, qu’on est excité à l’idée d’entreprendre un nouveau projet, forcément on a un peu envie d’en parler à tout le monde pour montrer combien notre cerveau peut produire des trucs géniaux, de temps en temps. C’est tout à fait normal. Sauf que c’est une très mauvaise idée. Déjà parce qu’être écrivain n’est pas une situation bien prospère ni franchement stable (c’est une bonne situation, ça, scribe ? ») et donc il y a de fortes chances pour que votre entourage tente de vous décourager. Pour peu que vous manquiez un poil de confiance en vous ou que vous ne soyez pas sûr d’être capable de vous lancer, vous risquez d’abandonner. Or, mama didn’t raise a quitter, pas vrai ? Ce serait con de tout envoyer bouler avant même d’avoir essayé, et elle est là, la véritable clef pour écrire un roman : essayer. Certes, vous n’écrirez probablement pas le prochain Goncourt, et peut-être même que votre texte sera incohérent et bourré de fautes en tous genres (grammaire, orthographe, etc.), mais au moins vous serez allé jusqu’au bout, et vous saurez que vous avez cette force en vous: : ce sera plus facile de recommencer, de retravailler votre style, votre histoire, afin de progresser et d’accéder un jour à votre rêve. Donc gardez vos projets secrets, ne laissez personne vous décourager, et avancez !

2. Faites un plan

J’écris depuis que je sais tenir un stylo, et ça m’éclatait autant que d’élever des gendarmes dans mon seau Mickey (vous sentez l’histoire vraie, là ?) en me prenant pour une entomologiste de haut niveau (une meuf spécialiste des insectes, quoi). Sauf que j’en avais un peu rien à faire de savoir si ce que j’écrivais tenait la route et je me lançais directement sur le papier, sans trop réfléchir à l’enchaînement logique des péripéties de mes personnages. Forcément, avec une telle méthode, on laisse des « portes ouvertes » c’est-à-dire des éléments qu’on insère à un moment de l’histoire puis qu’on éclipse complètement par la suite, sans prendre la peine de les résoudre s’il s’agit d’un problème ou d’expliquer pourquoi le grand-père unijambiste et taxidermiste, qui se balade toujours avec des armes à la ceinture, n’intervient plus du tout dans l’intrigue (je déconne, je n’ai jamais créé de tel personnage, mais du coup c’est clairement une piste à explorer.) Bref, vous voyez l’idée : on oublie des éléments importants ou, pire, on se retrouve bloqué parce que notre histoire n’a ni queue ni tête et ne va nulle part, et du coup on abandonne une idée qui avait pourtant beaucoup de potentiel. En grandissant, j’ai commencé à faire des plans, des recherches sur les lieux de vie ou d’évolution de mes personnages s’ils s’inscrivaient dans la réalité, à leur inventer des fiches de personnalité etc. Ce n’est pas forcément utile, mais c’est une piste qui peut convenir à certains d’entre vous. Finalement, c’est en effectuant deux ans de prépa et en comprenant l’importance d’un brouillon et du plan d’une dissertation (genre, sur 6 heures d’épreuve on en passe 3 au brouillon et ce n’est pas du tout une perte de temps pour remplir les 15 pages de disserte, parce qu’au moins on sait exactement quoi dire, où on va et comment organiser ses idées, et l’écriture coule de source) que j’ai compris que c’était pareil pour un roman. L’idéal c’est de faire un gros brainstorming avec toutes les idées que vous avez en tête pour votre texte, puis de regarder comment elles s’articulent entre elles. A partir de cette base, vous pouvez construire une sorte de schéma narratif, avec un point de départ, un élément perturbateur et où/comment vous voudriez que ça se termine (une autre fin peut vous apparaître au fil de l’écriture, mais au moins elle s’inscrira dans une suite logique, et la logique d’un roman c’est super important). C’est ainsi que j’ai procédé pour La Brèche et depuis c’est devenu ma méthode de travail. Ne vous inquiétez pas si vous tâtonez au début, essayez plusieurs méthodes (fiches de personnalité des personnages, de renseignement des lieux, plan très approfondi ou notes rapides et très persos) sans vous départir du schéma narratif auquel vous pourrez vous référez à chaque blocage, et petit à petit vous trouverez le processus qui vous convient le mieux.

3. Ne vous forcez pas, mais disciplinez-vous

A ce niveau, il y a plusieurs écoles. Certains disent qu’il faut écrire tous les jours, coûte que coûte, quitte à supprimer ce qu’on a pondu la veille. Je suis clairement de ceux qui pensent que c’est une mauvaise idée : l’art, ce n’est pas comme la comptabilité. Quand on est comptable, on applique une méthode, et même les jours où on n’a pas envie de le faire, on peut y arriver. Or, quand on décide d’écrire un roman, il faut quand même être un minimum investi dans ce qu’on fait. Au risque de passer pour une junkie-gourou-illuminati-jenesaisquoi il m’arrive d’être carrément dans un état de transe où je ne remarque même plus l’heure tourner, où je peux oublier de manger ou d’aller dormir parce que je suis à fond dans mon histoire et que j’ai complètement investi le monde que j’ai créé, aux dépens de celui dans lequel mes pieds sont ancrés. Et un tel état, ça ne s’obtient pas entre le cours de claquettes et la visite à Mamie Bertha, il faut être concentré, on peut même développer certains rituels (exemple : fermer la porte, se préparer un thé, s’emmitoufler dans un gilet confortable, enfiler ses lunettes, lancer la playlist qu’on a créée en adéquation avec l’univers du roman, et on y va). Relire le dernier chapitre ou les dernières pages écrites avant de reprendre son travail, y apporter des modifications voire supprimer des morceaux, ok, mais écrire quotidiennement des lignes passables ou vidées d’inspiration, pour les supprimer systématiquement, puis recommencer, dans l’attente de pondre quelque chose de correct, c’est juste hyper décourageant et démoralisant. A mes yeux, ce n’est qu’un exercice d’écriture, très loin d’être le meilleur chemin pour finir son roman. Mais, eh ! c’est totalement subjectif (c’est mon blog alors je dis ce que je veux, that’s all) donc si cette méthode vous convient, pas de souci. Mais si vous avez du mal à avancer sur votre roman, je vous conseille plutôt de n’écrire que quand vous sentez que le moment s’y prête. Après, si vous voulez vraiment finir votre roman, vous mettre au travail seulement les jours où Mercure est en conjonction avec Saturne (je ne sais même pas si c’est possible), que le taux d’humidité ambiant est de 53% et où Trump ne lâche pas une absurdité sans nom (coucou le retrait de la COP 21), ça ne fera pas avancer le schmilblick. Si les moments propices ne se présentent pas à vous, créez les ! (quand la vie te ferme une porte, ouvre une fenêtre, tout ça, tout ça). Tant pis pour la soirée télé, vous pourrez toujours voir le film en replay, et ce n’est pas grave si vous manquez une soirée avec les copains de temps en temps : si vous voulez vraiment devenir écrivain, bah il faut écrire, quoi. A vous de voir où sont vos priorités… Mais je vous promets que quand on veut, on peut, donc vous parviendrez forcément à trouver un moment pour écrire. Et si vous n’arrivez pas à aligner deux lignes potables mais que l’envie est très forte, bossez sur le brouillon, organisez vos idées, c’est souvent le meilleur moyen de dépasser le blocage et d’avancer.

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« C’est tout ? » : eh oui, avec cela vous devriez déjà bien avancer 😉

 

Et vous, quelles sont vos petites astuces d’écriture ou pour venir à bout d’un projet de grande ampleur ?


C’est la fin de cet article, j’espère qu’il vous aura permis de glaner de précieux conseils et qu’il vous permettra d’avancer sur votre texte. N’oubliez pas qu’écrire est un travail de longue haleine, que le style évolue avec notre expérience, notre vécu, et que rien n’est jamais figé : c’est aussi pour ça que c’est super, car on est en constante évolution. A vous de trouver la méthode de travail qui vous convient le mieux, ces trois conseils ne sont que des pistes. Vous pouvez aussi consulter mes articles sur Le syndrome de la page blanche, Que font les auteurs après le point final d’un ouvrage ?, Les différents types d’édition ou encore Les clichés sur les auteurs pour approfondir le sujet.

Sachez également que cet article a été écrit dans le cadre d’un challenge du Café des blogueuses, sur le thème « astuces pratiques » je vous présente donc trois blogs dont j’aime le travail :

Laurette & co : Un blog qui met les femmes à l’honneur et qui m’a fait l’honneur de m’interviewer, géré par Laure qui est une jeune femme formidable.

MTF Travelblog : Le blog d’une famille qui voyage autour du monde, avec des photos à couper le souffle et des conseils pratiques.

Oiseau Rose : Rien que parce que sa catégorie sur la Thaïlande m’a beaucoup aidée à préparer mon voyage, son blog méritait d’être mentionné (et l’ensemble est top).

8 Comments

  1. discoveRin

    juin 4, 2017 at 6:48

    En ce moment avec le mémoire je ne prends même pas le temps de poser mes idées sur un brouillon et ça m’agace fortement. En revanche, je fonctionne à peu près comme toi : plan’ assez vague pour pouvoir peaufiner, background des personnages principaux voire secondaires, recherches sur les lieux et d’inspiration vu que c’est un monde imaginaire.

    La Brèche est cool, je suis frustrée de mettre autant de temps à le lire mais c’est un livre agréable.

    Merci de partager tes astuces !

    1. Pauline Perrier

      juin 4, 2017 at 6:51

      C’est sûr que tu dois avoir hâte d’en finir avec ce mémoire, et c’est normal que tu manques de temps pour lire 😉
      Ce ne sont que de petites astuces, chacun a les siennes et ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas forcément pour l’autre, mais si ça peut donner des pistes et motiver certains auteurs c’est cool !

  2. mamtermante

    juin 4, 2017 at 10:16

    je fais pareil, je pose mes idées et ensuite j’écris j’y vois plus claire comme ça

    1. Pauline Perrier

      juin 4, 2017 at 10:26

      C’est encore le plus simple 🙂

  3. Journaldel'aurore

    juin 6, 2017 at 11:54

    Je me retrouve complètement dans ton article. Dans les prochains jours, je vais tenter de suivre tes conseils. Peut être qu’il me correspond 😉 Merci à toi

    1. Pauline Perrier

      juin 6, 2017 at 1:14

      J’espère vraiment que ça pourra t’aider 🙂

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