Dans la tête d’un auteur

Vous vous êtes toujours demandé quelle était la journée type d’un auteur ? Vous rêvez de connaître ses pensées du quotidien ? Ben moi aussi, tiens. J’imagine que certains écrivains doivent bien respecter un emploi du temps savamment étudié, s’imposer une discipline stricte, mais ce n’est pas mon cas. D’abord parce que ce n’est pas mon métier, que je dois jouer l’équilibriste pour concilier les études, les copains, ma petite entreprise, les sorties, la glandouille, des repas sains, les projets de groupe, l’écriture et, dans le tout, caser quelques heures de sommeil. Ensuite parce que je n’aime pas me forcer à écrire, je considère qu’il est aussi essentiel de passer des jours entiers à laisser l’histoire mûrir dans mon esprit que des nuits blanches à écrire le fruit de cette réflexion. Du coup, je vous propose un petit florilège de mes pensées quotidiennes… d’après une semaine type !

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Rares images d’archive de moi, essayant de mener une vie équilibrée.

Lundi :

Je me réveille à 7h20 et me mets d’emblée en quête de motivation pour aller en cours. Après deux biscottes avalées sur le pouce, je file en amphi où je scroll compulsivement mon fil d’actualité dans l’attente d’un meme (image rigolote, pour les moins djeuns d’entre vous), qui me mettra de bonne humeur au point de donner quelques coups de coude à ma voisine, pour lui faire partager ma trouvaille et qu’on se fende la poire deux minutes. Bah oui, il est fini le temps des bavardages discrets et des petits mots échangés à la dérobée ; maintenant, il n’y a plus un bruit dans les amphis, si ce n’est cette petite voix qui crie « je m’ennuie, je m’ennuie », et on se retient de glousser devant nos écrans. Bon, ce n’est pas un scoop, je ne suis pas une grande adepte du lundi, comme la quasi-totalité du commun des mortels. Sauf quand je suis en vacances, là, ça va. Après cet intermède numérique, je compte les jours qui me séparent du week-end. Quatre. C’est la même chaque semaine, mais je compte quand même, sait-on jamais. Ça motive ! Ne me jugez pas, je sais que vous faites pareil. Le soir, j’en profite pour envoyer quelques articles à mes clients, comme ça j’ai le reste de la semaine pour écrire mes propres textes. Enfin, c’est ce que je me dis, parce que ces créneaux écriture se transforment souvent en procrastination de compétition.

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Vous aussi, vous avez cette tête le lundi matin ?

Mardi :

La même que le lundi, sauf qu’aujourd’hui il faut passer au tableau avec un super powerpoint pour présenter le dernier projet de groupe, où on est globalement deux à s’être coltiné tout le travail. Sur sept ou huit. Du coup, je complote dans mon coin, je convoque tout le savoir acquis au cours de ces 19 années d’étude pour me défiler et envoyer d’autres membres du groupe au tableau. Je sais, je suis un génie du mal. Après les cours, petite sieste et travail pour le blog. J’ai envie d’avancer sur mon roman, mais je n’y arriverai que le soir pour finir vers une ou deux heures du matin (ce qui n’aide pas à rester éveillée le lendemain), du coup je remets à plus tard pour me consacrer à une activité bien plus productive : au choix entre binge-watching de série, lecture ou virée au bar avec les copaings (oui, avec un g à cause de l’accent toulousain).

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« J’ai été occupée à procrastiner toute la journée. »

Mercredi :

J’aime bien le mercredi parce qu’il est très proche du vendredi. Quand le mardi est passé, j’ai l’impression d’être dans un TGV direction le week-end, et c’est plutôt cool. Du coup, je suis hyper active sur le drive (=espace de google où on peut modifier des documents à plusieurs, toujours pour les moins djeuns) et j’avance sur les projets de groupe aussi vite que Lucky Luke dégaine son pistolet, parce que je n’ai pas envie d’y passer mon week-end. Le soir venu, je suis même super motivée pour écrire, j’ai la tête qui bouillonne d’idées, alors je m’installe à mon clavier. Mon portable vibre. « Tu sors ? » Bref instant d’hésitation. « Ok ». Bon, j’écrirai demain.

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« Fais-toi plaisir » / Bah ouais, après l’effort, le réconfort.

Jeudi :

J’ai la tête dans les papiers pour mon départ en Thaïlande, entre les demandes de passeport, les assurances, le visa, etc, etc. J’en profite également pour me consacrer au blog, jeter un œil aux articles des blogs que je suis, et pour travailler sur la promotion du livre. Généralement, le jeudi j’ai un coup de mou, parce que je suis lassée d’être restée vissée à une chaise dans un amphi toute la semaine, que je me languis le week-end pour me tapir dans mon appartement sans voir personne et écrire, écrire autant que je peux. J’vous jure, c’est pas de la tarte d’essayer de mener une vie équilibrée. Du coup, le soir, c’est plan couette avec un thé vert et un bouquin, portable en silencieux et couvre-feu à 23 heures. Et au moment de me glisser dans mon lit, je me dis « merde, t’as toujours pas écrit une ligne ». J’ai beau n’avoir pensé qu’à ça toute la semaine, je n’ai toujours rien fait parce que je n’y arrive pas, qu’il y a trop d’agitation autour de moi pour que je puisse m’immerger entièrement dans mon monde qui requiert calme et concentration. C’est frustrant.

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Allez, hop, petite soirée cocooning.

Vendredi :

Vous aussi, vous êtes inexplicablement de bonne humeur, le vendredi ? Parce que moi, ça me met une de ces patates ! Je vais en cours l’esprit léger, je me risque même à aller au tableau s’il y a une présentation (bon, je laisse les autres parler au maximum, faut pas exagérer non plus, mais je fais acte de présence et c’est déjà pas mal). Le soir, une petite bière avec les copains (non, pas de g, soyons honnêtes : rares sont ceux qui portent bien l’accent toulousain) si le cœur m’en dit, puis je file me reclure dans mon palace cuisine-salon-chambre tout en un. Si mon manque de volonté ne me conduit pas à accepter une virée nocturne. Donc, si je ne finis pas Chez Tonton (pour ceux qui n’ont pas suivi mes précédents articles, c’est un bar de Toulouse), je me plonge dans un livre ou je passe la nuit sur mon clavier, à tisser des destins et coudre des histoires.

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Moi, fonçant droit vers le weekend.

Samedi :

« L’homme est un animal politique » (ou social, selon le philosophe que vous lisez, mais ça revient au même), mes fesses ! J’ai passé la semaine entourée de monde, je passerai donc ces deux jours à en voir le moins possible. Peu importe l’heure où je me suis couchée, je me lève rarement après neuf heures, du coup j’enfile mes baskets et je file à la salle de sport transformer la bière en muscle. Enfin, j’essaie mais ce n’est pas hyyyper probant. Après quoi je m’enfile un bol de muesli (peut-on prendre une seconde pour préciser à quel point c’est un des meilleurs trucs au monde, le muesli ?), puis je traine dans des fringues pas franchement sortables. Je comate généralement jusqu’à 15h/16h, c’est-à-dire jusqu’à ce que Pascal le Grand Frère et Super Nanny remplacent mes séries à la télé et me contraignent à l’éteindre. C’est rare, mais parfois je mets le nez dehors quand je n’ai pas réussi à me défiler ou à me dégoter une excuse de dernière minute pour annuler un plan (ou parce que j’en ai envie, ça arrive aussi, hein). Sinon, je me mets à mon clavier, mon petit carnet rose à côté de moi (rose ces temps-ci, parce que c’est celui du roman sur lequel je travaille) et j’écris. Là, le temps n’a plus de prise, je suis dans mon monde, je fais enfin ce que j’aime, ce qui m’a obsédée toute la semaine alors que mon environnement n’était absolument pas propice à son épanouissement. Là, je respire.

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Vous voyez cet air heureux et serein ? Bah je suis pareille le samedi.

Dimanche :

Même schéma que la veille, avec un léger goût d’amertume en fin de journée car le lundi se rapproche, une ribambelle d’autres jours accrochés à ses basques. Sport, muesli, isolement, paresse et écriture. Petite variante dominicale : j’esquive les notifications de mon téléphone comme un ninja. Vous vous souvenez du projet de groupe dont j’ai bouclé ma partie le mercredi, pour jouir de mon weekend et m’abandonner dans l’hédonisme ? C’était sans compter sur les 6/7 autres membres du groupe qui, eux, ont décidé de tout faire au dernier moment et ont soudain une foule de question à poser.

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« Je ne vous connais pas. Vous n’existez pas. »

Après des heures d’esquive, il me faut malgré tout jeter un œil au travail final pour vérifier que tout concorde. Ça ne me rappelle que trop combien j’aime travailler en solo et je mets le turbo parce que ma seule envie est de retourner me plonger dans l’écriture, dans mon roman dont je suis la seule à connaître les secrets, les recoins les plus sombres de la personnalité des personnages, et où je peux faire absolument tout ce que je veux. Genre « tiens, allez, toi je te tue, toi tu vis, toi tu pars en vrille, oh ! tiens, toi il va t’arriver des trucs de malade ». Bon, promis, je réfléchis plus que ça, mais c’est grisant de pouvoir tout imaginer de A à Z et donner vie à un univers qui n’était au départ qu’une idée, une soudaine illumination de l’esprit. Puis je vais me coucher, prête à entamer une nouvelle semaine, persuadée que cette fois, j’arriverai à écrire avant le weekend…

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« Encore ? » / Ma réaction à l’approche d’une nouvelle semaine.

*

Vous êtes encore là ? C’est que j’ai réussi à rendre mes pensées quotidiennes bien plus palpitantes qu’elles ne le sont vraiment, alors. Sachez que cet article a été écrit dans le cadre d’un challenge d’écriture du Café des Blogueuses. Je vous présente donc trois blogs que j’aime :

Encore une connasse parisienne : Parce que je me retrouve dans ses textes, ses récits de voyage et ses confidences sont prenants et sa plume légère.

My pretty books : Déjà, je suis fan de son design, et grâce à elle j’ai toujours de nouvelles idées lecture dans mon fil d’actu.

Pause Earl Grey : Un blog pour tous les rats de bibliothèque.

5 Replies to “Dans la tête d’un auteur”

  1. Salut,

    J’ai pris un plaisir fou à lire cet article. Bon déjà, il est bien écrit et même si, j’imagine que c’est le cas vu que dans ma tête c’est pareil, de prime abord les pensées du quotidien ne paraissent pas passionnantes, tu sais leur donner une vie, un sens et une pétillance (si si, ça existe la pétillance, dans mon univers en tout cas ça existe), qui sont rares et précieux.

    Je suis sensée écrire un roman, moi aussi… Et je me retrouve dans beaucoup de choses que tu écris, notamment le muesli. Comment ça c’est pas le plus important ? Mais si !
    Bref, ça m’a fait du bien de te lire, parce que je culpabilise un peu moins, quand je ne touche pas à mon espèce d’oeuvre pendant plus de cinq jours…

    En fait, mon vrai vrai problème, c’est quand j’arrive à ta phase du samedi aprem, tu sais le moment génial où tu peux enfin t’enfoncer dans ton univers et écrire. Eh bien mon problème à moi, c’est que quand j’y arrive, à ce moment que j’ai tellement attendu, ou j’ai plusieurs heures devant moi, un bon thé et rien d’autre à faire, et même un mari qui d’une part me laisse m’isoler, et d’autre part me monte un petit gâteau de temps en temps pour m’encourager… Eh bien parfois, quand j’arrive dans cette phase si rare et précieuse… Je n’ai plus envie d’écrire. J’en ai eu envie toute la semaine et je n’ai pas pu le faire, là je peux, et je n’en ai plus envie du tout. J’ai envie de jouer à un jeu débile sur mon ordi, de lire un bouquin, de fabriquer un shampoing solide pour l’anniversaire de ma meilleure amie… Et plus du tout d’écrire.
    Et ça, ça ça me rend vraiment dingue. Parce que j’arrive pas à comprendre, comment une chose qui est sensée me procurer tellement de plaisir, j’adore écrire, brusquement quand j’ai enfin le temps, l’espace, l’esprit tranquille, brusquement, elle me rebute à un point que je serais prête à faire des lessives et du ménage plutôt que d’écrire.

    Voilà, si jamais tu as déjà ressenti ça, j’aimerais beaucoup le savoir, ça me ferait du bien^^.

    En tout cas, merci, merci pour ton article, plein de fraîcheur, de vérité, de sourire et de muesli !

    1. Waouw, c’est sans doute un des plus jolis commentaires que j’ai reçu ! Merci beaucoup ❤
      Je te rassure il m’arrive aussi de m’asseoir devant mon écran avec tout le temps du monde, une paix royale et un thé, et de ne pas réussir. Dans ces cas, je vais faire autre chose : j’ai un petit côté obsessionnel, si j’ai quelque chose en tête alors pas la peine d’insister, je ne pourrais rien faire d’autre tant que la lubie ne sera pas passée. Il m’arrive de passer plusieurs semaines sans écrire, même si finalement on écrit autrement (une pensée sur un post-it, quelques lignes dans un carnet…). Et parfois c’est la panne, c’est pas grave, j’attends (il y a un article sur le syndrome de la page blanche sur le blog, si ça peut t’intéresser). Après je pars du principe qu’il ne faut pas forcer : j’écris parce que c’est ma manière d’exister, de me sentir bien, personne n’attend pour me lire alors pas d’urgence. Maintenant, il faut parfois se mettre un coup de pied aux fesses pour s’y mettre, parce que le fond du problème, je crois, c’est qu’écrire c’est se confronter à soi-même, à des parties de soi parfois très sombres ou qui nous effraient, et c’est pour ça qu’on a du mal à s’y mettre. Écrire c’est vraiment prendre son âme à bras le corps, la retourner, la sonder, et c’est pour ça que les sims (pour moi ahah) ou un binge watching de série peuvent tout à coup paraître l’activité la plus passionnante du monde : on se défile…
      Mais eh, nous ne sommes que des humains, pas de culpabilité (ou alors juste un peu 😉 )

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