Avez-vous déjà vécu ce point de basculement où quelque chose d’important vous échappe et où vous avez le sentiment que votre vie est finie ?
Échec à un examen, licenciement, rupture amoureuse, méga boulette au boulot… Vous vous prenez un mur tout d’un coup et vous pensez que ça y est, c’est la fin. Vous vous dites « Ma vie est foutue, qu’est-ce que je vais bien pouvoir devenir ? »
Et puis, peut-être qu’en reparlant de cet évènement quelques mois plus tard, un an, dix ans après, vous vous rendez compte que vous êtes toujours là. Peut-être même êtes-vous heureux, ou tout du moins avez-vous expérimenté plusieurs épisodes de bonheur au cours de ce temps écoulé. Il se pourrait même qu’en évoquant ce point de basculement, vous affiniez le trait, atténuiez vos réactions d’alors. La plaie a cicatrisé, ou peut-être vous manque-t-il toujours un morceau de vous mais vous avez appris à composer sans, à vous débrouiller autrement.
Vous êtes toujours là. Vous avez construit d’autres projets, rencontré de nouvelles personnes, essayé des activités jusqu’alors méconnues. Vous avez continué à vivre, tout simplement.
Parce que la vie n’est foutue que lorsqu’elle vous échappe. Parce qu’on ne devient plus rien que si l’on est mort.
Tant qu’il y a un souffle, il y a un élan. Humble tentative d’écrire sans paraphraser que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
En tant que drama queen avérée, née avec un sens prononcé de la théâtralité (j’étais cette adolescente qui laissait aller sa tête contre la vitre, dans le bus, en pensant que sa vie était un clip), j’ai souvent prononcé cette phrase. « Ça y est, ma vie est foutue ». Pire, j’y ai souvent cru.
Avec les années, en gagnant du recul et de la maturité, j’ai compris que ces murs qui nous heurtent nous redirigent vers de nouveaux chemins à explorer. J’ai appris qu’il existait des peines et des épreuves à l’origine de douleurs indicibles et qu’aucune justification ne savait les atténuer, mais qu’il m’appartenait cependant d’aller de l’avant pour les laisser derrière moi. Pour diminuer leur emprise et inventer de nouveaux pans de moi qui ne portaient pas ces maux.
J’ai compris que la vie n’était jamais vraiment finie, même quand tout semble perdu d’avance. C’est peut-être ce message qui me transcende dans la littérature: tous ces héros qui traversent des causes d’apparence perdues, toutes ces quêtes qui impliquent des sacrifices et qui nous rappellent que l’espoir perdure tant que notre cœur bat encore.
C’est ce rappel que je souhaite emporter dans les années qu’il me reste à traverser. Cette promesse que, qu’importe les épreuves qui jalonneront ma route, celle-ci n’a vocation à devenir une impasse que si je refuse les bifurcations. Tant que je respire, de belles choses restent à vivre.