Certains d’entre vous remarqueront la référence au roman « Que font les rennes après Noël », d’Olivia Rosenthal, un livre qui n’a pas su me séduire mais dont j’adore le titre. C’est vrai, ils font quoi, les rennes, une fois que la tournée des cheminées est achevée ? C’est genre LA mission de leur existence, le but de leur vie. Est-ce qu’ils passent le reste de l’année dans un camp d’entraînement pour rennes, est-ce qu’ils se la coulent douce en Laponie ?
Vous voyez, je trouve qu’on peut se poser exactement les mêmes questions pour les auteurs. Qu’est-ce qu’ils font quand ils ont achevé leur ouvrage ?

Hier soir, j’ai terminé un roman. Enfin, un texte, car ce n’est que ça pour l’instant. J’ai mis le point final à un travail long de 7 mois. Je me suis appliquée à écrire l’histoire que j’aurais rêvé lire à 16/17 ans, j’ai fouillé au plus profond de moi et j’ai accouché de mes tripes sur papier. Contempler ce point final est incroyablement libérateur. Le travail est loin d’être fini, mais je peux me dire « tu l’as fait ». Vous n’imaginez pas combien de fois j’ai eu envie d’abandonner, de ne plus jamais rouvrir ce fichier Word, voire carrément de tout effacer. Tous ces « c’est nul » et ces « ça n’intéressera jamais personne » que je me suis murmuré, ce douloureux cercle vicieux de l’auto-flagellation dans lequel j’ai baigné. Mais vous savez quoi ? Ça valait le coup. Parce que je n’ai pas abandonné.

Une fois ce fameux point final apposé, beaucoup d’auteurs seront tentés de courir à la recherche d’un éditeur. Je vous arrête tout de suite : c’est une mauvaise idée. Peut-être que vous êtes un génie et que votre texte vous ouvrira les portes des plus grandes maisons. Mais il y a de fortes chances que ce ne soit pas le cas, alors il faut le retravailler, encore et encore. C’est donc ce qui m’attend maintenant : des heures et des nuits blanches de relecture, de corrections, de tranchage à la hache du manuscrit pondu. Après quoi je déciderai de ce que je ferai de ce texte : le soumettre à un éditeur ou le conserver dans le fond d’un tiroir. Mais d’abord, je vais m’aérer un peu l’esprit, décoller mon nez de cette histoire qui m’a hantée si longtemps, dévorer des piles de romans pour voyager dans d’autres univers. Quand le moment sera venu, je me lancerai dans ce travail de longue haleine, où le découragement est sans doute plus présent que jamais. Et puis j’ai déjà l’esprit qui fourmille d’idées, alors je vais aussi me tourner vers de nouveaux projets, me lancer de nouveaux challenges. Parce que c’est ce que font les auteurs après un point final : ils se mettent en quête du prochain.

Et vous, qu’est-ce que vous éprouvez lorsque vous achevez un projet ? J’avoue que je suis un brin nostalgique de quitter le processus de création, bouillonnant de vie, pour me lancer dans celui de correction, qui exige un regard plus froid. Mais je suis aussi super excitée à l’idée de passer à autre chose !

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