Vendredi 3 mars, j’ai tenu mon roman dans les mains pour la première fois.
Étant publiée en Suisse, j’ai dû patienter un peu que l’ouvrage me parvienne par la poste. Mes parents avaient déjà reçu des exemplaires au domicile familial, qu’ils avaient promis de ne pas déballer tant que je n’avais pas le mien, que je trépignais d’impatience de recevoir à mon logement étudiant.
Quand j’ai découvert le colis dans ma boîte aux lettres, je me suis empressée d’appeler mes parents pour que nous ouvrions chacun nos paquets en même temps. Bon, je l’avoue, j’ai été un poil plus rapide qu’eux, mais c’était plus fort que moi : jamais je n’aurais cru voir ce jour arriver, alors il me fallait la primeur de la découverte !
C’était très important pour moi de ne pas ouvrir l’enveloppe toute seule, dans mon coin. L’écriture est une activité très solitaire, je n’ai pas l’habitude de parler des projets sur lesquels je travaille, quand je refuse une sortie pour travailler sur un texte j’utilise des excuses évasives. Je m’enferme des nuits entière dans ma chambre, seule face à mon clavier, le téléphone en mode silencieux, et presque rien ne peut m’extirper de ma bulle. Alors pour ce grand moment, THE CONSECRATION, je voulais le partager avec mes parents, les inclure un peu dans mon univers si opaque.
Autant vous dire que ça fait tout drôle de tenir son premier roman entre les mains pour la première fois. Déjà, parce que ce n’est pas tout le monde qui a la chance de pouvoir réaliser son rêve, mais encore moins de pouvoir le palper, le serrer fort contre son cœur, le partager physiquement avec ses proches, et même des inconnus. Pourtant, quelque part, ça fait un peu peur. Voire même très peur.
Comme susmentionné, j’ai toujours envisagé l’écriture comme une activité très solitaire, aux limites de l’intime, bien que mes textes ne soient pas biographiques. C’est mon refuge, mon échappatoire, mais aussi une grosse prise de tête. Je ne compte plus les fois où je me suis arraché les cheveux sur un passage qui ne me satisfaisait pas, sur les scènes effacées, réécrites, ré-effacées, supprimées, ré-réécrites. J’ai commencé puis abandonné d’innombrables textes, et, quand j’en termine un, chaque relecture soulève de nouvelles envies de modifications. Si ça ne tenait qu’à moi, je crois que je ne cesserai jamais d’apporter des retouches à mes textes. Pourtant, une fois que le point final est mis, que le travail de relecture a été effectué cent fois et que je décide de le soumettre aux autres, je considère que le texte ne m’appartient plus, je passe à autre chose pour ne pas revenir indéfiniment sur cet ouvrage en particulier, et l’histoire ne peut plus exister que dans l’esprit des lecteurs.
Alors, c’est vous qui faites vivre ce refuge, qui vous immiscez dans cet espace intime auquel je me suis consacrée des nuits entières. Et ça fait peur, parce que tout d’un coup je ne suis plus la seule à connaître les mystères de ce monde que j’ai créé de toutes pièces. J’ai peur d’avoir oublié des failles que vous pourriez déceler, qui pourraient faire que tout s’écroule. Malgré tout, je reste la gardienne des clefs de ce royaume, je n’interviens plus mais je garde le nez collé à l’histoire, j’en connais les moindres secrets, alors quand je me lis je n’arrive pas à savoir ce qui vous passe par l’esprit quand vous me lisez. Je n’ai donc plus qu’à espérer avoir travaillé assez dur, tissé des destins assez captivants et construit une trame suffisamment solide pour vous plaire.
C’est aussi un peu effrayant parce qu’il faut alors se tourner vers son prochain rêve. Là, on prend à nouveau le risque de se confronter à l’échec.
Oh je te comprends tellement (pas pour la réalisation du rêve, pas encore 😉 ), pour la solitude de l’écriture. Chaque fois que je fais relire un passage à quelqu’un, même court, j’ai peur de leur réaction, presque même l’impression qu’il n’est plus à moi tant qu’il est partagé. En tous cas, je n’aime pas montrer mes écrits à des gens que je connais, j’ai peur d’être jugée. Par contre, que des inconnus lisent mes romans ne me pose pas de problème, au contraire j’aime les retours, j’ai simplement peur de la réaction des personnes que j’aime (ou que je n’aime pas, justement ^^), parce que leur avis compte encore plus pour moi et j’ai peur qu’ils n’aiment pas (et je ne suis pas sûre que leurs remarques soient objectives alors j’appréhende)
Encore une fois félicitations pour ton roman, ça fait du bien de voir que des jeunes auteurs talentueux peuvent être publiés, et que ça ne marche pas juste au piston ! 🙂