Le départ
Je préparais ce voyage depuis Novembre 2016 et je n’ai pas eu le temps de dire « ouf » que je montais déjà dans l’avion ! Premier vol dans un Airbus A380 et surtout… Premier vol toute seule ! Forcément, j’ai versé ma petite larme au moment de quitter mes parents, mais ce qui était très étrange c’est que je ne réalisais pas vraiment ce qu’il se passait. Je suis montée dans l’appareil comme si j’allais à la poste… Manque de pot, je suis tombée à côté d’un couple : passer 11 heures à côté de bisous-câlins-c’est-trop-bien-les-vacances-en-amoureux ça ne m’enchantait pas des masses. Surtout que la demoiselle s’était tranquillement installée côté hublot (a.k.a ma place) et que j’ai dû la virer parce que, contrairement à elle, je n’avais personne à qui broyer la main au moment du décollage, donc il était hors de question de me passer de cette petite fenêtre qui permet de suivre l’envol de l’avion (autrement dit, le moment où je me chie dessus). Après réflexion, j’aurais peut-être dû lui laisser la place car les hôtesses nous ont demandé de baisser les stores à 16 heures, soit seulement 2h après le décollage, et je me suis retrouvée coincée à côté du couple sans pouvoir profiter de la vue : pas franchement évident quand on a besoin d’aller se dégourdir les jambes ou de se soulager la vessie.
Je suis arrivée à Bangkok vers 1 heure du matin, heure française. Là, j’ai dû passer l’immigration et de nouveaux portiques de sécurité beaucoup plus poussés que ce à quoi j’ai eu droit à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Après le poste de l’immigration, il y avait des affiches en papier à côté d’hôtesses pour indiquer où prendre les correspondances : le départ pour Chiang Mai étant prévu depuis le hall A3, je m’y suis donc rendue tranquillement… Pour découvrir que l’horaire ne correspondait pas du tout à celle de mon vol, mais à la correspondance prévue une heure plus tôt. Petit instant de panique, j’ai rebroussé chemin (c’est quand même une petite trotte car l’aéroport est immense) jusqu’à trouver une machine qui scanne les billets pour indiquer où aller. Un thaï d’environ mon âge était en train de scanner son billet et j’ai vu qu’il cherchait également le hall pour Chiang Mai. Quand il a remarqué que j’attendais, il a engagé la discussion mais, malheureusement, son vol était celui une heure avant le mien, donc on n’a pas pu se suivre pour attendre l’avion ensemble. La machine m’a redirigée dans le hall B2B, autrement dit totalement à l’opposé de là où je me trouvais. Sur place, l’écran devant la salle d’attente n’indiquait pas du tout Chiang Mai, mais après avoir rescanné mon billet 15 fois pour obtenir systématiquement le même numéro de hall, je me suis dis « on verra bien où j’atterrirai » et je me suis calée dans un fauteuil en attendant de voir si l’avion me mènerait bien à ma destination. J’étais au bout de ma vie car je n’avais pas fermé l’œil depuis 24 heures, incapable de dormir dans l’avion Paris-Bangkok, et j’avais l’impression d’être en mode zombie. Il ne me tardait qu’une chose : arriver.
La découverte de Chiang Mai
Vers 8h30 du matin, heure thaïe, j’ai enfin pu monter dans l’avion et là, surprise : il n’y avait personne à côté de moi ! Même si le vol ne dure qu’une heure, ça fait plaisir de pouvoir prendre ses aises. Autre surprise, je suis entourée de moines bouddhistes, vêtus de leur uttarasanga orangée, et ça me donne vraiment le sentiment que tout se concrétise enfin. Puis avec une telle aura sacrée, je me suis dis que l’avion ne risquait pas de se crasher. J’ai aussi eu droit à ma première découverte culinaire asiatique, un sandwich très étrange (mais pas mauvais) à base de fromage et de champignons : comme je n’ai quasiment rien mangé pendant le vol long-courrier, c’est l’occasion de se remplir un peu la panse.
Ce vol s’est passé extrêmement vite et j’ai notamment pu profiter de paysages magnifiques car le ciel était assez dégagé. J’ai à peine eu le temps de regarder un épisode de Big Bang Theory que le pilote annonçait déjà l’atterrissage. Une fois débarquée, j’ai retrouvé mon maître de stage à l’aéroport, grâce à qui j’ai pu récupérer une carte 4G immédiatement, ainsi qu’un numéro thaï. De là, un taxi m’a emmenée à mon appart-hôtel, et le trajet m’a permis de découvrir un peu plus la ville. Il y a énormément de verdure, ce qui est hyper agréable (CF l’image d’illustration de l’article, qui est la vue que j’ai depuis mon balcon) mais je suis impressionnée par la circulation : il y a des scooters partout !
Mon premier réflexe en arrivant a été de défaire mes valises, de bien ranger mes affaires afin de me sentir vraiment chez moi. Bizarrement, même après un voyage de 16 heures (sans compter ma venue à Paris, la veille du vol), même après avoir arpenté la ville en taxi et après avoir posé mes bagages dans la chambre, je ne réalisais toujours pas que j’étais enfin là pour de bon. Ce n’est qu’en me réveillant de ma petite sieste de 2 heures que je me suis dit « eh, t’y es, tu ne rentres plus pendant 7 mois ». Je n’ai pas eu de coup de blues, ni rien, j’étais vraiment contente d’être enfin là.
Le scooter : toute une histoire !
Comme il y a des travaux dans la résidence, je n’ai pas pu me reposer longtemps : même avec un décalage horaire et une nuit blanche de plus de 24 heures dans les dents, ce n’est pas facile de dormir quand un concert de perceuses et de conversations entre ouvriers a lieu. J’ai donc prévenu mon chef que j’étais réveillée et il m’a envoyé l’équipe de location de scooters pour que je récupère mon véhicule et surtout… Que j’apprenne à en faire ! Ceux qui me connaissent savent que c’est déjà toute une affaire de me faire tenir sur deux jambes : je suis une inconditionnelle maladroite, capable de rentrer dans une voiture à l’arrêt en faisant du vélo, de glisser en sortant de la douche ou de rater ma chaise. Alors un scooter ? Vraiment ?! Mon séjour passe clairement en mode survie.
D’autant plus que le scooter est un poil grand et lourd pour moi (comme d’autres stagiaires partent bientôt, je verrai si je ne peux pas récupérer un modèle scoopy à la place, qui est plus léger, si je galère toujours avec celui-ci). Déjà, le monsieur m’a fait monter derrière lui pour que je regarde un peu comment ça marche, et au moment de descendre je me suis cramé le mollet sur le pot d’échappement : du Pauline tout craché. Ensuite, quand ç’a été mon tour d’en faire, j’ai réussi à me coincer dans la rigole pleine de broussailles. Le problème, c’est qu’en ligne droite j’ai compris le truc, tout roule, mais dès qu’il faut tourner, surtout si je suis à l’arrêt et que je dois déplacer un peu mon scoot pour repartir et qu’il faut pour cela le tourner, je galère ! Le monsieur n’a pas pu rester longtemps car il devait repartir à sa boutique, mais il m’a dit de bien m’entraîner… Et surtout, de ne pas aller sur la route tout de suite (#DangerPublic). Il faut aussi ajouter à tout cela qu’ici, on conduit à gauche, donc je dois non seulement apprendre à maîtriser un véhicule tout nouveau pour moi mais aussi mobiliser mon sens de l’orientation médiocre au possible pour ne pas finir en contresens dans un rond point. Mes petits trajets en tant que passagère ici ne m’ont pas plus rassurée : on zigzague entres les voitures, les feux ne sont pas à côté de nous mais de l’autre côté du carrefour, quand le feu est rouge mais qu’on veut tourner, on peut quand même y aller… Bref, à chaque nouvelle observation de conduite de scooter, je suis en mode MAIS WHAT THE FUCK ?!
Premiers passages en ville
Je suis venue à Chiang Mai pour un stage et j’ai la chance d’avoir une connaissance qui bosse dans la même boîte. Comme elle est arrivée quelques semaines avant moi, elle maîtrise déjà le scoot et connaît quelques bons plans pour manger. Incapable de conduire jusqu’au Seven-Eleven le plus proche (une chaîne de supérettes asiatique très connue, ouverte 24h/7j), elle m’y a emmenée pour que j’achète un petit stock de bouteilles d’eau, vu qu’ici il ne faut surtout pas boire l’eau courante (au risque de vous la choper, la courante), ainsi que quelques bricoles. Après quoi elle m’a de nouveau quillée sur son scooter pour aller manger dans un petit restau en bord de route, comme il y en a à profusion ici, où j’ai mangé un plat super bon pour… 50 bahts, soit environ 1€30.
Je n’ai fait que deux restau pour l’instant, mais j’ai remarqué que dès que l’on arrive, on nous sert de l’eau. Sur le coup j’ai paniqué, surtout qu’il y avait de la glace dans mon verre. J’ai demandé aux stagiaires avec qui je mangeais s’il ne valait mieux pas demander à avoir un verre sans glaçons, et on m’a expliqué qu’ici il y a une entreprise nationale chargée de faire des glaçons, qu’il est interdit de s’amuser à faire ses propres glaçons dans son congélo pour les servir aux clients, et que je pouvais donc y aller sans crainte. Le sujet de l’eau est tellement sensible en Thaïlande que les gens ne déconnent pas avec ça. En revanche, mieux vaut ne pas acheter de fruits et légumes qui ne s’épluchent pas avant consommation, car ils sont souvent rincés à l’eau courante… A vos risques et périls !
Autre découverte qui m’a scotchée, c’est qu’ici tout le monde laisse son casque directement sur le scooter, et personne ne met d’antivol. Le gérant de la location m’en a pourtant laissé un, mais comme me l’ont expliqué les autres stagiaires et comme je l’ai vu faire partout, les gens se garent, verrouillent à la limite le guidon s’ils sont motivés (en fait, quand on coupe le contact, il faut tourner le guidon sur la gauche et donner un nouveau tour de clef pour bloquer), puis ils laissent tout le matériel sur place. Comme les religions dominantes sont liées à une forte croyance en le karma, les chances de se faire voler son scooter ou son casque sont assez infimes. Un stagiaire avait même oublié ses clefs sur son scooter pendant deux jours, et il a tout retrouvé à sa place, tandis qu’une autre stagiaire avait oublié une pochette qui se colle au poignet pour tenir le portable quand on met le GPS et se l’est fait voler, exactement au même endroit, au même moment. Question de karma : t’as moins de chance de te réincarner en millepattes en volant une pochette plastique qu’un scooter, faut croire. Bon, il va falloir que je m’habitue à ça, car voir tout le monde planter ses affaires comme ça me stresse encore un peu quand même !
J’ai aussi eu droit à ma première soirée de mousson ! Pour l’instant, il fait très lourd la journée et c’est le soir que les orages éclatent. D’ailleurs, il fait nuit très tôt, vers 19 heures, et les restaurants de street-food ferment aussi assez tôt, vers 21 heures. Je suis rentrée en scooter avec un autre stagiaire et ce n’est pas drôle d’être en deux roues quand il pleut des cordes. Il y avait aussi de gros éclairs et vu que les chambres n’ont pas de volets mais juste un rideau, c’est une ambiance plutôt étrange. En revanche, s’endormir avec le bruit de la pluie et des orages, j’adore ! Il faut juste espérer qu’il ne pleuvra pas trop tôt ce soir, car il est prévu que je m’entraîne à faire du scooter vers 18 heures pour suivre les autres au restaurant comme une grande… Suspense !
Exclu :
J’en profite aussi pour vous dire que mon roman La Brèche est disponible gratuitement en eBook jusqu’au 1er juillet, sur amazon. Pour vous le procurer, cliquez ici !
Et voilà ta nouvelle vie ! pense que tu en as de la chance de voyager. Tu ne pourras plu te passer de scooter en revenant en France , 7 mois passe vite.
Gros bisous
Après une nouvelle leçon, j’ai réussi à aller sur la route tranquillement. Pas encore assez au point pour conduire jusqu’au restau qui est après une double voie mais assez pour aller jusqu’au seven-eleven faire mes courses 😉
Vivement le prochain épisode !!
????????
Bientôt :p
Chère petite Pauline , J ‘ ai lu avec plaisir le récit de ton premier jour de long temps qui te tiendra loin de nous , les Gardois qui te connaissons et t’ apprécions . Tu écrit drôlement bien !!! C’ est un régal de te lire et j’ attends d’ autres moments pris sur le vif .
Merci beaucoup, la suite devrait arriver dimanche ou lundi 😉
On vit tes péripéties avec toi et on voyage a travers ton regard. Merci
Merci beaucoup 🙂
Ton article m’a fait beaucoup rire !! J’ai hâte de lire les prochains épisodes 🙂
C’est une chouette expérience et j’espère que tes 7 mois là bas se dérouleront parfaitement !
Merci beaucoup ! Pour l’instant tout roule, il n’y a pas de raison pour que ça change 😉 Mais je suis super contente de pouvoir partager mes aventures via le blog !
Bien contente que tu sois bien arrivée. Tu es bien installée, je vois. C’est bien,..
C’est super de pouvoir suivre tes aventures, Bientôt, je suis sure que tu maîtriseras le deux roues mieux que ton frère. Bises des ardéchois.
On en est pas encore au niveau de Stéphane mais ça vient doucement ! 😉 Gros bisous !