Un week-end à Pai, ce village tout droit sorti des 60s

Cette semaine, je vous emmène à Pai, un village de moins de 3 000 habitants au nord de la Thaïlande, où j’ai passé trois jours. Pour s’y rendre, il faut emprunter la route la plus sinueuse de Thaïlande, avec pas moins de 762 virages ! Autant vous dire que 3 jours à Pai est une expérience hors du commun ! Ce lieu est un nid de touristes-hippies, perdu entre la jungle et les rizières. L’ambiance y est complètement différente de ce que j’ai pu découvrir jusque-là. Mais pas pour autant moins bonne ! J’ai passé un excellent week-end à Pai, et je suis ravie de vous partager les spécimens extraordinaires que l’on peut rencontrer sur place !

Pai, ce village hors du temps

Comme je vous le disais, Pai est un petit village. La quasi totalité des gens que vous y rencontrerez sont des touristes, et plus précisément des backpackers de passage. Le backpacker est une espèce de touriste un peu à part, qui parcourt le monde avec son sac à dos, et qui aime souvent se balader pieds nus. Le pourcentage de personnes en sarouel, avec des dreadlocks ou des bijoux de bras façon Xéna la guerrière, présentes à Pai explose la moyenne mondiale. En prenant un verre dans un bar, où sont d’ailleurs proposées des substance illicites et illégales, assis sur votre petit futon, vous pourrez entendre des groupes de nomades échanger sur leurs expériences de vie, critiquer le système et argumenter sur l’importance des probiotiques. Oui, les probiotiques, ces bonnes vieilles bactéries que l’on prend après une gastro. À Pai, on en vend dans les cafés parce que ça plaît aux vegans. J’ai d’ailleurs découvert cette semaine qu’un de mes restau préférés sur Chiang Mai en proposait aussi. #Choquée&Déçue. Bref, Pai semble concentrer tous les nostalgiques de Woodstock. Même si très peu d’entre eux sont suffisamment âgés pour avoir connu cette période peace&love.

Week-end à Pai

Ceci n’est pas une carte postale

Que faire pour un week-end à Pai ?

Nous sommes arrivés à Pai le vendredi 13 octobre 2017. Soit le jour de l’anniversaire de la mort du roi. Tous les bars étaient donc fermés, l’alcool étant interdit, sauf 1. Après avoir loué des scooters pour 300 bahts les 48 heures (environ 7 euros), nous avons profité de la piscine de notre hôtel, The Quarter. Un superbe hôtel (mon dieu, ces gaufres au petit-dej…), mais si vous voulez vraiment profiter de l’esprit root de la ville, de nombreuses auberges de jeunesse vous accueilleront. Nous avons ensuite mangé de supers burgers (n’en déplaise à certains) au Burger Queen (on n’arrête pas le progrès quand il s’agit de jeux de mots). Après quoi nous nous sommes mis en quête du seul établissement voulant bien nous servir de la bière.

La Thaïlande à l’ère de la prohibition

Nous avons finis dans un petit bar local, à faire des concours de descente avec des anglais et mon patron. C’est complètement représentatif de la ville : on peut parler à n’importe qui et se faire des amis partout ! Nous devions juste éviter de parler et de chanter trop fort en signe de respect pour le roi. À minuit, la serveuse a fermé le rideau métallique du bar car, en Thaïlande, tout ferme à cette heure. Une vraie vie de Cendrillon. La plupart des clients ont quitté le bar, mais ceux qui voulaient rester devaient se confiner à l’intérieur pour ne pas attirer la police. Une ambiance de prohibition qui, une fois encore, montre combien la corruption est présente dans ce pays. À Chiang Mai, mes week-ends prennent la même tournure dès 1 heure du matin. Nous n’étions plus qu’une petite poignée à tenir le comptoir, de crainte qu’il ne s’écroule, tandis que des irlandais jouaient au billard. Entre deux shooters, la serveuse, adorable, m’a appris à compter jusqu’à 5, à dire à quelqu’un de se taire (bao-bao) ou qu’il est saoul (mao-mao).

Début de samedi difficile

C’est ainsi qu’à 4 heures du matin, n’étant plus que 3 accoudés au comptoir, nous avons décidé de laisser notre serveuse aller dormir. Eh oui, ici, tant qu’il reste un client, le bar ne ferme pas. Après un passage obligé par le 7-11 pour se ravitailler en ham&cheese, l’incontournable sandwich des jours de flemme et des jours de cuite, nous nous sommes retrouvés à nourrir les chiens errants de la ville. Il y a énormément de chiens errants à Pai, bien que ce soit aussi le cas dans tout le reste du pays. L’un d’eux s’était allongé à mes pieds et m’avait collée toute la soirée… Je me sentais donc obligée de lui donner quelque chose à manger. Je savais déjà que c’était la meilleure idée pour attraper la rage, mais à force de remontrances car je ne peux m’empêcher de copiner avec tous les chiens qui croisent mon chemin, je jure solennellement d’arrêter de former une meute en Thaïlande. À force, la rage me pend de plus en plus au nez. Après seulement 4 heures de sommeil, le petit-déjeuner de l’hôtel m’appelant, j’ai renoncé à la grasse matinée pour partir à l’assaut de la ville. C’est ainsi que, les yeux un peu à côté des trous, j’ai embarqué Myrtille en vadrouille, le magnifique scoopy vrombissant loué sur place, dont l’aiguille restait fixée sur 0 même lorsque j’accélérais de toutes mes forces, arrachant des cris déchirants au moteur agonisant. Pour cette virée entre filles (et je ne parle pas de Myrtille, mais de vraies copines), nous avons donc mis cap sur des cascades, puis le bamboo bridge.

Des paysages sublimes qui vous coupent un peu plus de la réalité

Jusque là, le programme pourrait sembler tranquille. Oui, mais non. Pour aller aux Pam Bok Waterfall, il faut emprunter une route offrant une vue certes magnifique, mais complètement escarpée. Virages en épingle et en montée raide, trous dans la route, boue glissante… Autant vous dire que mon petit scoopy en fin de vie n’était pas prêt pour un tel voyage. Surtout en étant à 2 sur le scoot ! Mais bon, l’aventure demande bien un peu de piment, alors nous nous sommes lancées. Nous avons fait un petit arrêt aux cascades, où quelques personnes se baignaient, mais qui ne nous ont pas transcendées. Nous avons donc préféré poursuivre notre route jusqu’au bamboo bridge. Après quelques péripéties avec nos destriers motorisés, nous avons découvert un paysage à couper de souffle. Les rizières se détachaient en contrebas des montagnes, nous offrant d’intenses nuances de vert. Le ciel bleu électrique, cisaillé par la pointe brune des montagnes, était parsemé d’épais nuages cotonneux, si blancs qu’ils paraissaient photoshopés.

Les surprises de Pai

Des étoiles plein les yeux, nous avons regagné le centre de Pai vers 15h30 pour déjeuner. Comme nous ne voulions pas rentrer à l’hôtel de suite après le repas, nous avons repris le scooter, sans itinéraire défini. Le bamboo bridge était magnifique, et il peut sembler désert sur mes photos, mais il y a beaucoup de touristes chinois. Tout ce qui le préserve, c’est sa route dangereuse qui freine le déferlement de touristes. Nous sommes donc parties en-dehors de la ville, pour nous enfoncer dans la jungle. Après plusieurs arrêts pour contempler les paysages époustouflants, nous avons aperçu un éléphant. Il était possible d’acheter des grappes de bananes pour le nourrir. A peine descendues du scooter, un homme vient nous voir. Au début, je n’ai pas compris ce qu’il disait à cause de son accent, mais j’ai vite déchanté lorsque j’ai déchiffré « want to ride elephant ? ». Cet éléphant isolé dans un enclos appartenait au Thom’s Pai Elephant Camp. Un camp où les touristes montent à dos d’éléphants au lieu de simplement les nourrir et se baigner avec. J’ai refusé poliment. Comme mon amie Héloïse n’avait encore jamais vu d’éléphant, nous sommes restées quelques minutes pour lui donner des bananes, sans plus. Si vous voulez savoir pourquoi il ne faut pas monter à dos d’éléphant, je vous renvoie à cet article. Nous avons fini notre journée avec un crochet par le Memorial Bridge. Halte comique puisqu’un photographe complètement déjanté réalisait un shooting photo avec une énorme moto verte, sur laquelle les couples prenaient des poses de magazine pour immortaliser leur amour.

 

Alors, Pai ou pas Pai ? (Lisez ce titre à voix haute, c’est rigolo)

A environ 3 heures de route de Chiang Mai, Pai est un petit village hors du temps où il fait bon se ressourcer. La moyenne d’âge est jeune, les gens y sont très ouverts et accessibles. Il y a un super marché avec des stands de street-food à se taper le cul par terre. Ce marché se tient chaque soir dans le centre-ville. D’ailleurs, on peut facilement s’y déplacer à pieds, ce qui fait un bien fou dans ce pays où, semble-t-il, les piétons sont de vrais laissés pour compte. Bien que tout petit, le village offre largement de quoi faire la fête. Il y a de nombreux bars, dont un super bar à Mojitos, et un club, le Don’t Cry. Je conseille vivement Pai aux backpackers ou aux jeunes qui cherchent une ambiance conviviale et sans chichis. A Pai, on se sent littéralement coupés du monde, comme si le temps s’était suspendu. Si vous voulez vous prendre un bel hôtel et profiter de balades dans la nature, et même vous baigner dans des Hot Springs (sources d’eau chaude), vous pouvez aussi vous y retirer. Un week-end à Pai peut être très ressourçant et dépaysant. Attention toutefois, si vous y restez trop longtemps, vous risquez de vous transformer en Yannick Noah. Il en faut peu pour se retrouver à marcher pieds nus dans la rue, des dreadlocks dans les cheveux, portant un saroual éléphant et ingurgitant des probiotiques avec son repas vegan et gluten-free.

12 Replies to “Un week-end à Pai, ce village tout droit sorti des 60s”

  1. Ah , charmante enfant , quelle bonne humeur dans ce récit ! Cela fait un bien fou ! Nous sommes loin d’ avoir des villages si pittoresques ! J’ ai lu d’ un trait ! Et quoi ?c’ est déjà fini de dit-on à la dernière ligne ?
    Bisous , Pauline . Françoise

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