Tranches de vie

Un mail n’est pas une urgence

J’aurai 30 ans le 21 mars 2025, et j’ai donc décidé de semer sur ce blog quelques conseils appris dans ma vingtaine que je souhaite embarquer dans la trentaine.

Et comme j’ai passé ces 9 dernières années et demi à beaucoup, beaucoup travailler, c’est tout naturellement que j’entame la série par ce rappel :

Un mail n’est pas une urgence, promis, la Terre ne s’arrêtera pas de tourner si cette notification reste en suspens.

Oh que de temps perdu à stresser à la moindre notification ! Que de stress engendré à me précipiter pour traiter la moindre demande, et ce depuis mon premier téléphone (2010, ça remonte !)

J’imagine que je suis de cette génération née dans l’urgence, qui se frustre au moindre grain de sable dans la machine, qui s’étonne que tout ne tombe pas tout cuit en un clic. Pourtant, Dieu sait que la discipline et moi, nous sommes cul et chemise. Je connais la valeur de l’effort, l’importance de la patience dans tout processus créatif, la foi aveugle en ces entre-deux où rien ne semble se produire et où pourtant tout se passe. Malgré tout, je suis, comme bien des technophiles, victime des notifications push qui agitent mon smartphone. Vous savez, cette petite alerte qui vous informe d’un mail, d’un message à traiter, et qui tombe toujours au mauvais moment ?

Une dépendance aux rappels

Ces notifications, elles me sont indispensables pour ne pas oublier de répondre à la banquière, d’honorer mon RDV chez le dentiste, de dire à mon mari ce que j’ai mangé à midi et que le chien a fait une roulade trop mignonne. J’ai un cerveau très encombré qui dépend des 866 rappels dans mon agenda partagé pour fonctionner. 99% du temps, ça se passe bien. Mais parfois, au moment de fermer ma session pour quitter le bureau, au moment où je pose le pied dans le chalet pour un week-end romantique, quand j’arrive chez mes parents pour un dîner en famille, il y a ce mail qui attend quelque chose. Une réponse à une question, un rapport perdu par quelqu’un, une tâche à exécuter, un fichier à envoyer. Longtemps, je n’ai pas su les ignorer. Je me revois sur une terrasse de rêve à Bali, à essayer de rattraper la boulette d’anciens collègues sur mes vacances sous prétexte que c’est ma responsabilité, pendant que tout le monde s’en lave les mains. Je me revois perdre le sommeil pour boucler des sujets pas toujours aussi importants qu’on aime à le croire, et pour lesquels le monde n’aurait pas cessé de tourner si j’avais fini au matin.

Surperformer… Pour surprouver ?

J’imagine qu’à 20 ans, on a beaucoup de choses à prouver. À soi comme au monde entier. Si on ajoute à cela un syndrome de la bonne élève, bonjour la machine de guerre qui se met en place dans le monde du travail. Mais qui se détruit à l’intérieur.

La vraie force, je l’ai appris sur le tas, bien souvent à mes dépens, c’est de savoir lâcher prise. Poser son non, ajuster son niveau de réactivité, et ne surtout pas chercher à être sur tous les fronts en même temps. Jusqu’à preuve du contraire, vous n’êtes pas une armée à vous tout seul : alors une bataille à la fois.

Prioriser, la compétence indispensable pour avancer

La plupart de mes clients me communiquent une urgence le lundi à 9h, une autre à 15h, puis encore une autre le mercredi qui finalement peut passer devant celle de lundi 9h. Pour eux, tout est un sujet brûlant, jusqu’à ce que quelque chose de plus chaud encore leur tombe entre les mains.

(Rare aperçu de mes clients qui me demandent quelque chose)

via GIPHY

En observant ce drôle de balai, j’ai vite compris que l’urgence n’est qu’une question de point de vue. Les deadlines se négocient, les enjeux se mesurent, et leur incidence est bien souvent toute relative. Tant que personne n’est en arrêt cardiaque devant moi, j’ai appris à ne plus me mettre la rate au court bouillon.

Et c’est bien ce conseil que je veux emporter en priorité avec moi dans ma trentaine (et les deux trentaines à venir) : apprendre à laisser couler, c’est un long processus, ça peut même coûter cher en thérapie, mais c’est agréablement surprenant de voir comme il ne se passe souvent rien de mal… Quand on ne fait rien !

 

 

paulineperrier

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