Ce week-end, j’ai participé à la quatrième édition du Mazarine Book Day. C’est un évènement unique dans le monde de l’édition où des auteurs peuvent pitcher leur roman directement à des éditeurs. Un vrai speed dating littéraire. Vous vous demandiez pourquoi je ne vous donnais plus de nouvelles depuis quelques semaines ? Le récent teasing sur ma page facebook a piqué votre curiosité ? Eh bien voici le petit secret que je vous cachais ! Le troisième roman avance rapidement et je me suis rendue à Paris pour le présenter à la maison d’édition Mazarine – a.k.a la maison de mes rêves. Je vous présente donc cette journée de manière très générale, pour les éventuels futurs candidats en quête d’informations, puis je vous raconte mon expérience un peu plus bas.
En février, la maison d’édition Mazarine ouvre les inscriptions pour cette journée spéciale et les clôture lorsqu’une centaine d’auteurs se sont enregistrés. Le jour J, on se présente avec un chapitre d’environ dix pages devant un jury de trois personnes et on a dix minutes pour les convaincre que notre roman est la pépite dont ils sont à la recherche.
Lors des inscriptions, on a choisi une heure de rendez-vous parmi trois créneaux proposés. On se présente donc sur cette plage horaire, à l’Alcazar, rue Mazarine. On nous accueille en nous remettant un superbe tote-bag rempli de cadeaux et une enveloppe. Cette dernière contient la fiche de renseignements remplie lors de l’inscription et on doit également y glisser son chapitre. Ensuite, on nous dirige vers un espace de « préparation au pitch » où l’on peut répéter avec une personne de la maison d’édition (attachés presse, etc.) Je vous conseille de ne pas sauter cette étape. Les préparateurs au pitch sont de très bon conseil et font preuve d’une bienveillance très rassurante avant de passer devant le jury. Après cet entraînement, vous serez dirigé vers les tables des jurys. Trois personnes vous écouteront présenter votre roman. Ensuite, on vous posera quelques questions pour aller plus en profondeur, pour connaître vos goûts et pour mieux vous connaître. Et c’est tout ! Il sera déjà l’heure pour vous de vous diriger vers les boissons et les mini-pâtisseries.
Lorsque j’ai effectué mes recherches pour préparer le grand jour, je n’ai trouvé que peu d’informations sur le déroulement de l’évènement. Je connaissais les grandes lignes, mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. C’est pourquoi, dans cet article, j’ai pris le parti d’aborder le sujet de manière très généraliste en premier lieu. Ainsi, d’éventuels futurs candidats pourront trouver des infos utiles et rassurantes pour se préparer. Voici maintenant mon compte rendu personnel.
Vendredi soir, 21h15, je débarque à la gare Montparnasse avec des valises chargées de rêves. Mes copines me réceptionnent et m’emmènent dévorer des frites de patate douce puis je prends la direction de Gentilly pour la nuit. Au réveil, séance de sport avec mon acolyte Déborah afin de me préparer mentalement à mon rendez-vous. Jusque-là, tout roule plutôt bien. Un peu trop bien, d’ailleurs. Je prends ma douche, je répète mon pitch en avalant quelques céréales, puis j’enfile la combi-short que j’ai achetée spécialement pour l’occasion. Combi-short que je porte habituellement avec une épingle à nourrice pour éviter d’attraper une bronchite doublée d’une amende pour exhibitionnisme.
Oui. J’ai complètement oublié d’emporter mon épingle et mon décolleté baille aux corneilles. Pas de panique, mon amie en aura forcément une à me prêter. « Une épingle à nourrice ? Oh ! là ! là ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ça, moi ? ». Bah oui, elle achète ses vêtements à la bonne taille, elle. « Tu n’as pas de vêtements de rechange ? » Si, bien sûr. Une combinaison presque identique. Seule la couleur et la longueur des manches change. Le problème est exactement le même : j’avais prévu les taches de chocolat, pas les accidents de décolleté. Bon, ce n’est pas grave, on trouvera bien un kit de couture ou une épingle dans un Monoprix.
Eh oui ! Nous sommes à Gentilly, il n’y a qu’un tout petit Franprix de quartier. Rien d’autre. Sinon il faut faire 40 minutes de RER aller-retour. Minimum. Sans l’assurance de trouver quelque chose pour me dépanner. Ai-je mentionné qu’il est déjà midi et que j’ai rendez-vous à quatorze-heures trente, dans le 6e arrondissement ? Rien ne va dans ma tenue. Je ne suis pas préparée. Je n’ai tellement pas dormi de la semaine à cause du stress et de l’excitation que j’ai l’air d’un zombie. Je ne peux pas aller devant le jury comme ça. Ils vont croire que je vais les manger, pas que je veux leur offrir mon troisième roman.
Tant pis, il faut que je tente quelque chose. Faute d’épingle, je suis prête à coudre la combinaison. Même si cela signifie que je ne pourrais plus soulager ma vessie du reste de la journée. Imaginez le sacrifice en période de stress ! J’enfile une veste, je la zippe jusqu’au menton pour dissimuler mon problème puis je file au Franprix. Forcément, ils n’ont rien pour me dépanner. Je tente ensuite ma chance du côté d’une petite droguerie. « Vous auriez des kits de couture ou une épingle à nourrice ? » « Oui, j’en avais un récemment » me répond la dame. Accélération cardiaque. Montée d’espoir en flèche. La vendeuse se dirige vers le rayon, le parcourt attentivement… « Il était juste là… Désolée, on l’a vendu ». Panne d’air dans les poumons. Moteur cérébral au bord de l’explosion. Ascenseur émotionnel en mode chute libre. Je prends mon courage à deux mains et je me tourne vers elle, arborant mon regard du chat Potté.
L’heure est grave, je suis prête à dévoiler tous mes secrets. « Madame, j’ai eu un accident avec ma combinaison et j’ai un entretien cet après-midi. Est-ce que vous auriez quelque chose pour me dépanner ? ». Elle sourit, le vendeur qui l’accompagne aussi. « Venez, des fois j’en ai dans ma voiture ». Je gagne son emplacement de parking en faisant des sauts de cabri. Elle fouille, elle fouille et… Rien. Là, je n’ai pas la poisse. J’ai la scoumoune doublée d’une malédiction ancestrale combinée à la fatwa émise contre un farfadet qui aurait piétiné un jardin de trèfles à quatre feuilles. Oui, à ce point là. Soudain, la dame passe la tête par la fenêtre de sa voiture et m’annonce « attendez, je vais vous donner l’épingle que j’ai sur moi ». Elle passe la main sous ses jupons et en sort une épingle gigantesque. J’ignore encore comment je vais pouvoir l’utiliser mais c’est toujours mieux que rien. Je bondis de joie. « Madame, je peux vous faire un câlin ? ». Sourire amusé. « Mais oui, bien sûr ! ». Je lui plante deux bises sur les joues puis je cours vers l’appartement de mon amie, soulagée de ne pas avoir à traverser Paris avec la gorge à découvert.
En passant devant une pharmacie, je décide de tenter le tout pour le tout, dans l’espoir de trouver une épingle à la bonne taille. L’annonce de mon entretien à venir étonne les deux pharmaciennes – c’est-à-dire que je suis très loin d’être présentable – mais elles fouillent dans leurs affaires. Les secondes s’égrènent et leur pêche ne rapporte que des trombones et des agrafes pour tout butin. Je commence à me résoudre à porter l’épingle énorme lorsque l’une des pharmaciennes s’écrie « Ah ! J’ai quelque chose ! » et me sort une épingle à la bonne taille.
Certes, je viens de vous raconter ma pêche à l’épingle à nourrice comme s’il s’agissait de la quête du Graal. Mais imaginez le stress lorsque les deux seules tenues convenables pour un évènement que vous préparez depuis un mois sont H.S deux heures avant l’heure-H ! Grâce à la dévotion de ces trois femmes – que je ne remercierai jamais assez – j’ai donc pu me présenter à mon rendez-vous sans anicroche. Je me suis rendue à l’atelier de préparation au pitch et la magicienne qui m’a aidée à préparer mon passage a réduit mon stress d’au moins 1000°C. Oui, le stress se mesure en degrés, car il donne chaud. Signe du destin ou simple coïncidence, cette personne porte le même prénom que mon héroïne : Lily. Le pitch que je lui ai livré l’a grandement enthousiasmée et elle m’a aidée à le perfectionner sur un petit point seulement, ce qui m’a mise en confiance avant mon passage. Les heures passées à mobiliser mon chéri, la merveilleuse blogueuse Maylis_reads_books et Déborah pendant le petit-déj n’ont pas été vaines. Je me suis dirigée un peu moins tremblante devant le jury, où se trouvait une blogueuse littéraire que je suivais déjà.
J’ai quitté la table du jury en étant satisfaite de ma prestation. Plus de 120 candidats se sont succédés au cours de l’après-midi, alors je ne me fais aucune illusion sur les conclusions finales des éditeurs. Mais cette expérience m’a appris à pitcher mon roman, à en parler de manière concise et attractive. C’est un exercice qui paraît simpliste mais lorsqu’on s’y essaie, on se rend compte de toute sa complexité. En tant qu’auteur, on est immergé dans les petits détails en permanence, on connaît tout de nos personnages, on tire des milliers de ficelles à chaque chapitre. Résumer tout cela en quelques minutes seulement, ce n’est pas évident. Mais qu’est-ce que c’est enrichissant ! C’est une journée où règne la bienveillance. L’équipe d’accueil, les préparateurs au pitch et les jurés sont tous souriants, décontractés et accueillants. Je pense que c’est très représentatif des éditions Mazarine, dont les livres sont accessibles, chaleureux et doux, tout en contenant une intensité et une sensibilité rares. C’est la raison pour laquelle je me suis déplacée depuis Toulouse pour défendre mon roman auprès de ces éditeurs. Depuis que j’ai commencé à l’écrire, Mazarine est un nom que j’ai bien ancré en tête. Et si ma candidature n’est pas retenue, ce n’est pas grave : c’est tout simplement que ce manuscrit est attendu par d’autres éditeurs.
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Félicitations ! ça devait être très stressant ! Tu as pu en profiter pour passer au salon du livre ?
C'était très stressant mais j'y suis surtout allée en mode "challenge personnel". Il y a des centaines d'auteurs talentueux, alors je ne me prends pas trop la tête. Je voulais passer au salon du livre mais j'avais beaucoup de monde à voir avant de repartir tôt le dimanche matin. Ce sera pour une prochaine fois !
Ah chère Pauline , tu m' as bien fait rire . Tu es décidément douée pour raconter avec brio les petits riens qui enquiquinent la vie ! Bisous
Merci beaucoup Françoise :)
Bonjour Pauline, as-tu eu un retour de ce Mazarine book day finalement ?
Bonjour Valérian, eh non toujours pas malheureusement. Je pense que c'est un peu tôt. Puis, en toute honnêteté, je doute d'avoir la moindre chance compte tenu du nombre de personnes présentes ce jour-là :)