Depuis toute petite, j’ai toujours considéré Noël comme une fête très importante. C’est l’un des rares moments de l’année où toute la famille est réunie pour la journée. Les cousins éparpillés çà et là dans l’hexagone reviennent dans notre petit bout de campagne, on sort les jolies décorations, on enchaîne les blagues pas drôles et on mange jusqu’à faire sauter le bouton de son pantalon. C’est pourquoi je m’arrange généralement pour mettre une robe : ça laisse plus de place pour la bûche et le foie gras. Je suis toujours excitée des semaines à l’avance. J’écume les marchés, les magasins et les tréfonds d’Internet à la recherche des cadeaux parfaits, je monte un véritable atelier clandestin d’emballage dans ma chambre ou mon appartement et je redouble d’inventivité pour cacher mes trouvailles. Le soir, je descends quelques arrêts de métro plus tôt pour flâner dans les rues et m’émerveiller devant les décorations de Noël. Boire du vin chaud en mangeant des churros ou des crêpes avec mes amis en arpentant les marchés de Noël est l’une de mes activités préférées. Bref, c’est une période de l’année qui me met du baume au coeur. En débarquant en Thaïlande en juin dernier, j’étais totalement préparée à faire l’impasse sur tout cela. Pour la première fois de ma vie, j’allais passer Noël seule, à 10 000 kilomètres de ma famille, au soleil, sans vin chaud et sans 20 personnes à table.
Seulement voilà, si j’étais préparée à me passer de marchés de Noël, d’énormes pulls et même de ma famille, je ne m’attendais pas à percevoir aussi peu l’esprit de Noël. Avec 95% de bouddhistes en Thaïlande, et moins d’1% de chrétiens, il est normal que cette fête ne soit pas célébrée. Ainsi, Noël ne m’a jamais paru plus commercial que cette année : seuls les centres commerciaux arborent des sapins enguirlandés, et quelques spots très touristiques de la ville, le tout dans le but d’attirer les farangs (occidentaux). Seulement, quand on passe à côté d’un sapin en short et débardeur, je vous avoue qu’on a un peu de mal à se mettre dans l’ambiance. Ça sonne faux, et le décalage est bien perceptible. La ville semble s’être un peu vidée, une grande partie des expats et des touristes sont rentrés passer les fêtes en famille, alors l’ambiance est un peu étrange.
Noël, c’est avant tout un moment de partage. Peu importe ce qu’il y a sur la table ou sous le sapin, ce qui compte c’est de passer un bon moment avec ses proches. Alors avec les autres stagiaires qui étaient restés en ville, on a organisé un repas tous ensemble, le 24 au soir. On a acheté des cadeaux ridicules, du vin, du fromage. J’ai ramené le pâté, le saucisson et la tome qu’une amie m’avait apportés en me rendant visite 2 semaines auparavant, et c’était vraiment une chouette soirée. Alors c’est sûr, on a un peu les larmes aux yeux quand on skype sa famille le 25 et que tout le monde est réuni, parce qu’ils nous manquent et que les blagues vaseuses, les tuiles aux amandes de tatie, les sketchs de mes cousins et les morceaux de guitare et de piano ne sont pas au rendez-vous. Ça grésille, la connexion est lente, tout le monde parle en même temps, le téléphone tourne de main en main et on n’a pas le temps de discuter vraiment, car on est seule dans son appartement quand il y a 18 personnes réunies. Mais ces quelques minutes d’appel font un bien fou. Soudain, on se rend compte plus que jamais que les gens qu’on aime sont terriblement loin de nous. Mais le fait est que je vis ici depuis 6 mois, et qu’il y a aussi des gens que j’aime dans cette ville. Le plus dur, c’était sans doute de devoir faire ma valise car je rends mon appartement demain et que je retrouve mes parents dans les îles dans 2 jours. Je me rends vraiment compte que la fin approche, et je suis tiraillée entre l’envie de rentrer en France pour serrer tous ces proches qui me manquent et avec qui je regrette de ne pas passer cette journée, et l’envie de rester ici avec toutes les personnes formidables que j’ai rencontrées. Si certains ont le cul entre deux chaises, j’ai clairement le cœur entre deux pays. Mais ce n’est pas encore la fin de l’aventure, il me reste encore un mois à arpenter la Thaïlande, puis Singapour. Et même si la nostalgie flotte un peu dans l’air aujourd’hui, et même si je suis loin de ma famille, je ne serai pas seule pour Noël. N’est-ce pas tout ce qui compte, au bout du compte ?
Joyeux Noël à tous, mangez du chocolat sans modération, et n’oubliez pas de dire aux gens que vous aimez que vous les aimez. Je sais que pour certaines personnes, Noël est une période difficile. À tous, tendresse et chocolats. Et merci à ceux qui m’ont écrit pour me dire qu’ils avaient offert/reçu La Brèche comme cadeau. La palme revient à mon amie Héloïse, de Feels Like Adventure, qui a rejoint sa famille à Koh Phi Phi et qui a reçu un exemplaire de la part de sa maman. Ses photos du roman sont inégalables !
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Encore une fois , tu nous offres de quoi méditer ! Et je peux te dire que ton texte a un écho en moi , " immigrée " qui n' ai pas passé Noël avec ma famille depuis 30 ans . Passe de bonnes fêtes ! Je t' embrasse . Françoise
30 ans, waouw ! Ce ne doit pas être facile, mais je crois que vous comprenez mieux que personne le fait d'avoir le coeur entre deux pays... Très bonnes fêtes à vous :)
Oui, les fêtes loin de ses proches, le cœur tiraillé entre 2 pays, j'ai connu cela aussi. Merci encore pour ce merveilleux article et bonne fin de périple ;)
Ce n'est pas évident mais ça reste une super aventure. Bonne année à toi :)