Si vous me lisez depuis quelques temps, vous aurez remarqué que j’aime mener la vie dure aux clichés en tous genres. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous porteurs de préjugés et nous véhiculons tous certains stéréotypes. Je vous rassure tout de suite : dans un sens, ce n’est pas grave. A condition d’en prendre conscience ! Les stéréotypes en littérature jeunesse sont incroyablement abondants et récurrents, si bien qu’ils ternissent l’image du genre. Pourtant, la littérature jeunesse et young adult peut être incroyablement bien écrite et trépidante ! Dans cet article, vous trouverez donc :
Avant de s’attaquer aux clichés dans les livres jeunesse, définissons d’abord le genre. Certains penseront immédiatement aux romans pour enfants, d’autres engloberont également les romans pour ado. Pour ma part, je considère que les romans young adult (pour les lecteurs entre 18 et 25 ans) en font partie. C’est pourquoi je traiterais de toute cette littérature, en excluant les livres pour enfants sur lesquels je n’ai pas assez de connaissances. Ainsi, romances, littérature générale, dystopies, romans fantastiques, fantasy, etc., sont des genres qui peuvent figurer dans le paysage littéraire qui s’adresse aux jeunes. Bien, maintenant que nous savons de quoi nous parlons, c’est parti !
Sauter de 10 étages et se réceptionner parfaitement alors qu’on n’a aucun superpouvoir, se faire tabasser puis se relever aussitôt, vaincre 100 méchants alors qu’on est tout seul… Vous faites ça, vous, dans la vie de tous les jours ? J’en parlais déjà dans mes conseils pour écrire une dystopie, mais il est fondamental de respecter une certaine logique dans vos scènes. Il n’y a rien d’étonnant au succès de Game Of Thrones : les lecteurs sont lassés de se répéter « il ne va rien lui arriver, c’est le héros/l’héroïne ». Bien sûr qu’on aime ses personnages, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut leur donner la capacité de tout surmonter. Pour que le lecteur tourne les pages fébrilement, il ne doit pas deviner la suite. Il doit l’attendre impatiemment, être tenu en suspense.
Les personnages invincibles, qui sont magnifiques, ont toutes les qualités du monde – parfois même de tous les univers parallèles – et qui affrontent toutes les épreuves sans ciller ont un nom. Ce sont les Marye-Sue dont j’expliquais la nature dans un article récemment. Je les pointe souvent du doigt pour une bonne raison : ces personnages me donnent envie de cogner les dauphins les plus mignons. Oui, ça m’énerve à ce point.
En plus de décrédibiliser toute l’histoire, les Mary-Sue (souvent des personnages féminins) sont artificiels. Leur côté trop parfait, s’il peut faire fantasmer l’auteur.e qui projette en elle/lui un alter-ego idéal, empêche en réalité le lecteur de s’identifier et d’éprouver de l’empathie. En somme, c’est le meilleur moyen de créer une histoire bancale qui sera mal reçue. Quoi que… Twilight a bien connu le succès mondial.
On connaît tous le cliché de la jolie pom-pom girl populaire qui mène la vie dure aux geeks, aux filles discrètes et compagnie. Est-ce qu’on n’en aurait pas un peu fait le tour mille fois ? Pourquoi ne pas s’essayer à imaginer des méchants plus complexes et moins superficiels ? Pourquoi ne pas leur confier un véritable but, un moteur ? C’est un peu fatiguant de rencontrer toujours la même peste à qui tout sourit mais qui jalouse secrètement une fille plus discrète qui menace soudain sa souveraineté. Je pense notamment à Charlotte Montrose, de la saga Rouge Rubis. Il me semble que toute figure « ennemie » se doit d’avoir une certaine profondeur, des objectifs… Bref, du concret pour créer une véritable tension.
Quelle histoire jeunesse ne connaît pas son triangle amoureux ? Twilight, Hunger Games, Vampire Diaries, Prémonitions, Red Queen… Tant de sagas qui m’ont légèrement filé la nausée par leur côté mièvre. Pourquoi toujours représenter les jeunes femmes comme des créatures volages et indécises ? Les triangles amoureux sont l’emblème des stéréotypes en littérature jeunesse. Et sans doute la cause principale de la mauvaise image qui lui colle ! Ma plus grande déception fut Hunger Games, dont le résumé laissait imaginer une héroïne bad-ass, motivée à changer la société, et qui finit par se laisser porter par les évènements de manière démesurément passive. Saupoudrez le tout de paragraphes interminables décrivant des robes de mariée et vous aurez la recette de la frustration. Moi qui rêvais d’action et de modèle féminin pertinent, c’était raté…
C’est le grand classique de la littérature jeunesse et des séries TV… Je ne vais pas m’attarder sur ce point, je pense que vous voyez très bien où je veux en venir. Ces personnages sont souvent présentés de manière artificielle, sans profondeur ni complexité. Et quand les auteurs tentent de donner un peu de relief à leurs personnages, cela devient vite casse-gueule. Cf : le mutisme de Wallace Warland dans Eliza et ses Monstres : un personnage avec beaucoup de potentiel mais qui est totalement desservi par ce trait de caractère. En somme, tout ce qui est lié à la romance peut rapidement virer au stéréotype. A mon humble avis, il est plus pertinent de se concentrer sur les deux personnages en tant qu’êtres et d’oublier les statuts pour éviter ces couples artificiels. Et pensez à leur rajouter une véritable « histoire de fond« , des buts et démons personnels. Sans en faire trop, comme d’habitude.
Des princesses (et héroïnes au sens plus large) qui rejettent le modèle établi avec un point de vue très moderne, indépendamment de leur époque, il y en a pas mal. Je pense à Mare (saga Red Queen), Tris (Divergente)… Soit leur volonté de changer le monde est un peu en rupture avec l’univers dans lequel elles évoluent, soit elles n’ont pas d’autre raison d’être que l’homme (ou ceux du triangle amoureux qui les torture) présent dans leur vie. Coucou Bella dans Twilight. Encore une fois, je suis convaincue de l’importance que chaque personnage soit animé par des convictions, rêves et peurs qui lui sont propres. Tout sacrifier pour un autre personnage, ce n’est pas franchement héroïque mais plutôt creux et peu inspirant. Quant à la volonté de changer le monde : il me semble important de bien travailler la naissance de cette ambition pour qu’elle ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe.
Non, non et non !
La littérature jeunesse et Young Adult regorge de véritables trésors. J’ai fait exprès de centrer cet article sur des sagas assez connues car leur succès parfois phénoménal me dépasse complètement. J’avoue cependant ne pas les avoir toutes lues – cf Vampire Diaries ou Tara Duncan – ou avoir souvent jeté l’éponge avant d’arriver à la fin de la saga… Je sors également Rouge Rubis du lot car j’ai pleinement apprécié le premier tome 1 malgré les quelques clichés, et que je lirai sûrement les suivants (eh oui, des fois les clichés sont assez dilués pour ne pas gangrener l’histoire).
Heureusement, plus la communauté bookstagram prend de l’ampleur, plus je remarque des livres fouillés, crédibles et inspirants mis en avant. Enfin ! Le but de cet article est de démonter les ingrédients qui pullulent dans les titres phares afin d’attirer l’attention sur des romans ou sagas moins médiatisés, mais très riches.
Du moins, j’aime à le croire. Le problème est que ce sont les romans les plus stéréotypés qui marchent le mieux. Et cela ne concerne pas que le domaine de la littérature jeunesse : est-il nécessaire que je gaspille mon temps à détruire 50 shades of Grey ?
Les stéréotypes en littérature jeunesse que je dénonce ici sont surtout très présents dans les fictions écrites par des amateurs. Wattpad et les auto-édités sont nombreux à tomber dans ces travers. Heureusement, il existe d’excellents romans jeunesse qui nourrissent l’imaginaire, font du bien au cœur et donnent envie de changer le monde. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’affectionne autant ce genre : l’imaginaire n’est jamais mieux exploité pour s’adresser aux âmes que dans ce genre ! Et c’est aussi pourquoi je suis persuadée que les adultes devraient lire plus de romans jeunesse et Young Adult !
– Quelques minutes après minuit, Patrick Ness (j’en parlais déjà dans cet article)
– Peter Pan, J.M Barrie
– Les romans de Roald Dahl
– Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, Lemony Snicket
– Six of Crows, Leigh Bardugo
– Presque Minuit, Anthony Combrexelle
Bien entendu, cet article est extrêmement subjectif. Ce qui m’agace n’agacera peut-être pas le voisin. Il en va de même pour les livres qui me font vibrer et rêver. J’essaie d’appliquer au mieux ces conseils dans mes propres romans. Cet article est autant un rappel pour moi que pour les lecteurs et auteurs qui le parcourront. Pour conclure, je dirai que tout est question de dosage ! L’essentiel est de garder une certaine tension tout au long du récit et de diluer au maximum les éventuels clichés que vous intégrez. C’est sans doute le meilleur moyen pour produire une histoire originale.
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