S’expatrier, c’est partir à la découverte de nouveaux paysages, de saveurs inédites et de personnes étrangères. C’est une aventure incroyable et enrichissante mais, comme tout vient avec une contrepartie, cela signifie également qu’il faut couper les ponts avec bien des choses. Quand on quitte la France pour l’Asie, c’est sans regret qu’on laisse derrière nous les visages maussades, la course quotidienne et les retards incessants de la SNCF. Mais c’est avec peine que l’on abandonne le fromage, le pain, les apéros estivaux, le chant des cigales et la Méditerranée. Alors, après plusieurs mois passés à l’étranger, recevoir un peu de son pays par la poste fait beaucoup de bien. A l’approche de mes 3 mois en Thaïlande, il semblerait que ma famille ait entendu l’appel passé dans l’un de mes derniers article car j’ai reçu un colis de 5kg ! Autant vous dire que le colis de la famille, c’est un incontournable de la vie d’expat.
Noël en avance
C’est plus drôle quand on ne s’attend pas à recevoir le fameux colis mais, dans tous les cas, rentrer chez soi et voir un énorme carton sur le comptoir de la réception donne vite à votre lundi des airs de matin de Noël. Je dois dire que la femme de ménage a bien ri en me voyant courir après le livreur pour signer la remise du colis, puis entamer une danse de la joie avec mon paquet. Sous son air intrigué, je lui ai lancé « It’s family packaaaaaage« , me réjouissant déjà de l’odeur du fromage bien cuit après le trajet en avion et la chaleur du pays. Elle a eu ce petit rire timide, commun à la majorité des filles asiatiques, et m’a répondu un « Ooooh » compréhensif, en levant un pouce approbateur. Je me suis empressée de monter dans ma chambre avec une copine pour déballer le fameux colis. Et là….
Ces produits qu’on remarque à peine d’habitude, et qui soudain nous rappellent notre pays
Il n’y a bien qu’une maman pour me glisser un tube de biafine aussi gros ! J’en avais déjà emporté un dans mes bagages mais les récentes photos de mes coups de soleil bien marqués ont dû l’inquiéter. Je dois dire que l’ouverture du carton a répandu une violente odeur de fromage dans la chambre, et je n’ai jamais été aussi contente d’être dans une pièce qui pue. Vous noterez la jolie tache de gras, qui n’est autre qu’un Etorki et du saucisson ayant pris chaud. Sachant que je ne déjeunais plus le matin, j’ai reçu deux énormes paquets de muesli, des biscuits pour le petit-déjeuner et des palmiers. A cela s’ajoutent du chocolat (celui que je pique habituellement à mon papa dans les placards de la cuisine, avant de jurer « C’est pas moi ! » quand il demande qui lui a encore piqué son chocolat…), du miel (mon péché mignon), de la colle contre les fourmis (l’invasion prendra-t-elle enfin fin ?), et de la brandade de morue (spécialité Nîmoise que j’aime un peu trop pour plaire à mes jeans). Comme je vous l’avais déjà expliqué, ici les céréales sont assez chères comparé au coût de la vie, et j’avais fait une croix sur le petit-dej étant donné qu’il n’y a pas grand chose, et que le moindre paquet de biscuit se fait immédiatement dévorer par les fourmis. Je n’aurais jamais pensé qu’un paquet de muesli et 2 conserves de brandade puissent me causer un tel pincement au cœur, mêlé d’une si grande joie.
Faire découvrir sa région et partager son pays, quand on est à 10 000 kilomètres de ses racines
Comme je travaille dans une boîte française, dès que l’un de mes collègues reçoit un colis, ou ramène des produits de France après ses vacances, nous faisons un afterwork pour partager les fromages et les saucissons. On va acheter des baguettes chez Nana, une boulangerie française près du travail où l’on prend aussi les croissants le matin quand l’un de nous est en retard, et la France investit les bureaux le temps d’une soirée. Ainsi, j’ai attendu une semaine avant de goûter les produits de mon colis, pour les partager avec mes collègues. Comme je vous l’ai expliqué, en Thaïlande on mange constamment dehors, donc mon frigo était complètement vide avant de recevoir le colis. J’ai même dû aller m’acheter un bol, et ma première bouteille de lait après 3 mois, pour pouvoir manger mes céréales avant de vous écrire cet article. C’est pour dire ! Maintenant que l’afterwork est fini, il ne reste plus que le chocolat (une habitude que j’avais déjà en France, mais avec la chaleur d’ici, le frigo est inévitable) et 1 conserve de brandade. D’ailleurs, parlons en de cette fameuse brandade. Quasiment aucun de mes collègues ne connaissait, et c’était vraiment chouette de pouvoir leur faire goûter cette conserve un peu spéciale, qui me rappelle les lointains midi où ma grand-mère m’en préparait des tartines à m’en faire exploser le ventre.
Pourquoi ça fait du bien ?
Ce n’est pas qu’une question de nourriture. Je vis dans la 2e ville de Thaïlande, il y a beaucoup d’expatriés, il est donc possible de trouver un grand nombre de produits. Certes, c’est un peu plus cher que les produits locaux, mais c’est loin d’être inaccessible comme certains produits français aux USA, par exemple. C’est tout simplement le fait de recevoir des produits envoyés par votre famille, qui sont exactement ceux que vous aviez l’habitude de consommer et qui prennent tout à coup de l’importance alors qu’ils vous étaient invisibles avant. C’est recevoir cette tablette de chocolat et s’interdire de la manger, pour l’avoir sous la main en cas de coup de blues car on n’en trouve pas à la supérette du coin. C’est le plaisir de faire durer ces produits si communs qui deviennent tout à coup spéciaux, car il n’y aura pas d’autre colis et qu’il reste encore bien des mois avant de rentrer en France. C’est la joie de partager ces petits bouts de notre région avec d’autres français. Il n’y a pas de colis type, de colis parfait, si ce n’est celui qui ressemble à l’expatrié concerné. La blague de la biafine ne concerne (heureusement) pas tout le monde. Mais si vous cherchez des idées pour un colis à un expat français, autant vous dire que le fromage et la charcuterie sont incontournables. Le colis, c’est un incontournable de la vie d’expat, un petit bonheur indispensable.
Aaaah ! Je me souviens de l’attente de ces fameux colis quand j’habitais au Brésil… 😉
Ils font tellement de bien, ces colis !
Comme je te comprends ! Et pourtant je ne suis qu’en Allemagne ! Plutot loin de la frontière mais quand même je ne trouve pas la plus part des articles qui me manquent … comme du fromage de chèvre de ma Provence, ou bien du Beaufort et de la Tome de Savoie pour faire une fondue maison …
Sans parler des ravioles du Dauphiné …
Du beurre breton …
J’arrête la sinon je vais saliver sur mon tel !
Trés bon article en tout cas !
Ah le fromage de chèvre… En ce qui me concerne, j’adore les fromages bien coulants, mais impossible d’en recevoir à cause du transport. Bon courage pour surmonter ces manques :p J’espère que tu recevras un colis aussi ah ! ah !
Je lirai demain en partant en Espagne . Je le garde pour la bonne bouche . Je suis confiante : je vais encore passer un bon moment en ta compagnie . Bisous . Françoise
Merci Françoise, j’espère que cela vous plaira 🙂
ça me rappelle tellement les énormes colis que ma maman m’envoyait lorsque j’étais expatriée en Norvège pendant un an (avec du saucisson, du chocolat, et pratiquement tout ce qui me manquait là-bas) !
Oui ces colis font vraiment plaisir ! Surtout en Norvège, de ce que j’ai entendu on a du mal à y trouver de la nourriture variée.
Ah comme je te comprends ! Je me souviens pour notre premier Noël à Tokyo, nous avons reçu plusieurs colis, si bien qu’on a fini par entasser un nombre de boites de foie gras supérieur à la réserve que l’on avait en France ! Incroyable ! Et tu as raison, ça fait tellement plaisir…
Je fais pareil, je garde quelques produits précieusement. Ça permet d’en profiter plus longtemps !
Dans le premier colis de ma famille, et les suivants aussi, il y avait forcément toutes les douceurs de ma région, mais également au milieu des dessins de mes neveux un paquet de bonbons Haribo. Ce qui est fou, c’est qu’après en avoir parlé avec tous mes amis expat’ à Montréal, on s’est rendu compte qu’on recevait tous un paquet Haribo… ce qui n’est pourtant pas si rare à trouver ici! En revanche, la saveur de ce paquet-là est autrement meilleure.
C’est vrai ? C’est drôle comme ces bonbons sont universels ! Je pense que quand ce sont nos parents qui nous les envoient, c’est une façon de nous rappeler qu’on est leurs enfants, c’est mignon 🙂 Et c’est sans doute pourquoi on les trouve tout de suite meilleurs !
Bon séjour à Montréal, c’est une ville qu’il me tarde de visiter.