Habiter à l’étranger, c’est une aventure de tous les jours. Cela fait officiellement 3 mois que je vis à Chiang Mai, et je n’ai jamais regretté ma décision de partir. Chaque jour offre son lot de découvertes, de surprises et d’étonnement. Pourtant, vivre loin de son pays, de sa famille et de ses repères n’est pas tous les jours facile. Même si c’est rare, on se rend parfois compte que certaines choses nous manquent. Ça commence par une envie de crêpes, puis on manque la présentation du petit-copain d’une bonne amie, on n’assiste pas à plusieurs anniversaires, et on finit par se rendre compte que l’on n’a pas tenu un seul de ses proches dans ses bras depuis 3 mois. Ce n’est pas grave, à côté on s’est baigné avec des éléphants, on a marché sur le point le plus haut de la Thaïlande, on a dormi dans des lieux époustouflants et on a rampé dans des grottes uniques. Mais, malgré tout, on prend conscience de tout ce que notre pays d’origine a de formidable. Je vous ai souvent parlé de tout ce que j’aimais en Thaïlande mais, à mi-chemin de mon aventure, il est temps que je vous expose tout ce qui me manque.
J’imagine que c’est loin d’être un point que vous imaginiez trouver dans cet article, et encore moins en premier. Pourtant, enfiler un manteau me manque vraiment. Je sais que, pour beaucoup, vivre en short 365 jours sur 365 s’apparente à un véritable rêve, mais le fait est que… J’adore l’automne ! Et même l’hiver. Je suis une fan inconditionnelle de manteaux, j’en ai une collection complète, j’adore en acheter un nouveau chaque année et ne pas avoir à en sortir de mon dressing me rend nostalgique. Alors certes, la saison des pluies est en train de s’achever, il fait de plus en plus chaud et c’est super. Mais lorsqu’il y a 2 jours, je me suis garée sur une petite butte recouverte de feuilles mordorées et qu’une copine s’est écrié « C’est trop beau ! On se croirait en automne ! », mon cerveau s’est mis en pause 2 minutes et m’a projetée sur les quais de la Garonne, entourée de briques roses et de feuilles orangées, enveloppée de mon manteau couleur prune. A ce moment précis, j’ai réalisé que je ne profiterai pas de l’automne cette année, et ça fait un sacré pincement au cœur.
En toute honnêteté, on mange extrêmement bien en Thaïlande. Je pense qu’une fois de retour en France, les Pad Thai, Padseew, curry, cashew nuts et smoothies me manqueront très rapidement. Mais je dois dire que je donnerais cher pour un gratin de courgettes ou une ratatouille. Ici, quasiment tous les plats sont accompagnés de riz. On ne s’en lasse pas vraiment car il est cuisiné de dizaines de manières différentes, mais c’est plus l’aspect « gras » des plats qui me donne envie, parfois, de retrouver ma cuisine. Énormément d’aliments sont frits donc on finit par s’écœurer un peu. Bien sûr, j’ai la chance de vivre dans une grande ville et je peux opter pour un restaurant italien, un français ou autre, mais ça reste assez riche et l’overdose se fait vite sentir. Bien que j’aie pu goûter certains des meilleurs plats de ma vie à Chiang Mai, je donnerais quand même cher pour une tarte au fromage blanc ou des vraies crêpes, souples et non rigides comme on trouve ici.
Eh oui ! En Thaïlande, on ne vit pas seulement en 2560. On vit en 2560 + 5 heures par rapport à la France. Alors, vivre dans le futur, c’est marrant 5 minutes, mais c’est loin d’être pratique. Parfois, on a besoin d’une information urgente, comme quand notre carte bancaire nous laisse tomber, et qu’on ne peut pas contacter son conseiller ou ses parents parce que c’est encore 5 heures du matin en France. Ou encore, il y a ces fois où vous vous rendez compte que vous n’avez pas donné signe de vie à votre famille depuis plus d’une semaine, et vous devez attendre 23 heures pour avoir quelqu’un au bout du fil, alors que tout ce que vous voulez c’est dormir. Ou encore, lorsqu’un ami vous appelle tard le soir, mais que pour vous c’est 4 heures du matin… Bref, vous avez saisi : ce n’est pas pratique. Et ça fait 2 semaines que j’essaie de programmer, en vain, un skype avec ma meilleure amie. 5 heures de décalage, dans des emplois du temps chargés, ça devient vite deux mondes parallèles.
J’ai beau n’être que rarement chez moi avant 22 heures, car il y a toujours un évènement de prévu chaque soir (un restau, un marché, une sortie, une virée au bar…) et être bien entourée en Thaïlande, il y a des fois où j’aimerais juste prendre un verre avec ces amis que je connais depuis des années. Je reçois les photos de leurs sorties, ils m’envoient des petits mots, et même si on a l’habitude de vivre loin les uns des autres, maintenant je ne peux pas me contenter de sauter dans un train ou un covoit’ pour les rejoindre. J’aimerais juste m’asseoir avec eux et savoir comment s’est passée la rentrée de l’une dans une toute nouvelle ville, apprendre à connaître le nouveau copain de l’autre, entendre les blagues vaseuses de mon meilleur ami. J’aimerais entendre la chanson « J’me barre » de Keny Arkana alors que je suis au foyer avec mes copains toulousains, et décaler au Saint des Seins.
Bien sûr, il y a des librairies en Thaïlande. Il y en a même de très chouettes ! D’ailleurs, cela fait 2 mois que je louche sur des éditions limitées des œuvres de Mark Twain, Dickens ou encore Jules Verne. Si les livres sont souvent en thaï, on trouve quelques merveilles en anglais comme ces rééditions de classique. Mais… Quel intérêt de dépenser des sommes folles en livres si je ne peux pas les ramener ? Comment caser 15 kilos de livres dans une valise qui ne peut pas en faire plus de 30, sachant que j’ai déjà emporté 26 kilos à l’aller ? Je meurs d’envie de flâner dans un marché aux livres ou une librairie, avec des livres français, et plein de livres d’occasion comme je le faisais si souvent à Toulouse et Montpellier, et de rentrer chez moi avec des sacs remplis de livres. D’ailleurs, quand est-ce que j’ai lu un livre pour la dernière fois ? 3 mois, c’est incroyablement long, surtout pour quelqu’un qui considère les livres comme son oxygène. Parfois, je me sens en apnée d’un point de vue littéraire, et je commence à étouffer. Je n’ai lu que quelques chapitres sur tablette, mais il y a toujours quelque chose à faire et je n’ai pas le temps de m’y remettre. Je ne veux pas rater toutes ces aventures pour rester enfermée avec un bouquin, mais j’en ai besoin. Alors de retour en France, je vais faire une vraie boulimie de lecture pour me rattraper !
C’est très superficiel et je ne peux pas dire que j’en meurs d’envie. Mais, en bouclant ma valise, je n’ai emporté que des shorts et des vêtements amples pour faire face à la chaleur et être à l’aise en sorties. Je savais que j’allais conduire un scooter tous les jours, donc je pensais que c’était incompatible avec une robe. Au bout du premier mois, j’ai foncé chez H&M m’acheter une robe et des combishorts parce que j’avais besoin de m’habiller d’une manière qui me ressemblait plus. Il y a 2 semaines, j’ai acheté 3 robes supplémentaires, parce qu’après 3 mois à s’habiller avec ce qui vient, on a besoin de se sentir vraiment au top dans ses vêtements. Ici, il est difficile de se coiffer car on a toujours un casque sur la tête. Même si je n’ai jamais eu pour habitude de me maquiller beaucoup, il est inutile de chercher à trop en faire car il fait chaud et moite. L’autre soir, comme mes copines et moi allions en soirée en Uber, j’ai pu mettre une jolie robe, me coiffer et me maquiller, et ça fait un bien fou ! Alors oui, je plaide coupable, je me languis de pouvoir passer 2 heures dans la salle de bain, d’enfiler ma plus jolie robe et des talons pour aller en soirée, même si j’ai déjà commencé à remédier au problème ici.
La dernière fois que j’ai vu la mer, j’ai dû prendre l’avion. Avant, il me suffisait de faire 30 minutes de voiture. J’adore l’eau, et même si je ne vais pas à la mer tous les week-ends, j’aime savoir qu’elle n’est pas très loin. Certes, il y a de belles cascades, et c’est juste incroyable ! Mais, certains jours, j’aimerais rentrer du travail, prendre mon chien et aller faire une balade à la mer. C’est, à mes yeux, un plaisir de la vie tout simple mais indispensable.
Partir vivre à l’étranger, c’est génial, et je n’échangerais pour rien au monde cette expérience. Soyons très clairs là-dessus. Cependant, cela signifie passer à côté de beaucoup de choses. C’est accepter de ne pas retrouver le monde tel que vous l’avez laissé quand vous rentrez. Parce que chacun continue à faire son petit bout de chemin sans vous, et on passe parfois à côté de grands moments. Mais eh ! Ce n’est pas grave, pendant ce temps là on se fabrique chaque jour des centaines de souvenirs uniques, des histoires à raconter, de notre propre côté. Je sens déjà que beaucoup de choses ont changé pour moi, et en moi, et je suis persuadée qu’à mon retour, peut-être que le monde que j’ai laissé ne se sera pas tant transformé que ça, mais que c’est moi qui aurait beaucoup évolué. Vivre loin de son pays permet de se rendre compte de toutes ces petites choses du quotidien qui font la différence. Je pense que c’est un excellent moyen de vraiment mesurer notre chance, et d’apprécier ce que l’on a quand on rentre. Des fois, on fait les choses par habitude, on prend tout pour acquis, et vivre à l’étranger permet de prendre conscience de tout cela. Même s’il est vrai que certains jours ces manques se font plus sentir que d’autres, cela n’enlève en rien le caractère exceptionnel de ce que je vis à Chiang Mai. C’est juste que, parfois, manger des tartines de fromage, enroulée dans un plaid, en talons, au bord de la mer avec mon chien et une pile de livres me semble une idée très attrayante.
Découvrez l’article qui raconte mon retour en France, après 7 mois d’expérience.
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Les manteaux ! OMG !! Tout pareil pour moi ! J'adoooore l'automne, les pulls à col roulé, les plaids, la pluie qui ruissellent sur les vitres... Encore un article au top. Merci Pauline ;)
Ah merci ! Enfin quelqu'un qui comprend ma peine ah ! ah ! Je trouve l'automne très poétique, il y a une certaine magie dans cette saison. Et les manteaux, on ne va pas se mentir, c'est ce que la mode a inventé de mieux...
Merci pour tes messages réguliers :)
Très beau texte ! Oui , être expatrié n' est pas toujours drôle . On vous pose des questions parfois bizarres , auxquelles vous ne vous seriez jamais attendu . Famille et amis sont loin et évoluent différemment de vous , ils vivent des évènements que vous ne connaissez pas ; peu à peu , vos chemins s' éloignent .
Trente ans que j' ai quitté mon pays ! J'ai gardé mes amis , les vrais , les sûrs , mais nous ne partageons que de rares moments .
Évidemment , j' ai connu des tas de lieux , personnes , événements nouveaux , des coutumes que j' ignorais , une cuisine différente , et tout cela est positif . Et je t' ai connue , toi , toute petite . Et je t'ai vu grandir . Maintenant , tu es à l' autre bout du monde , et tu me racontes ta vie !
Bîsous ! Françoise
C'est vrai, même quand on s'expatrie dans un pays voisin, il y a toujours quelques surprises... C'est sûr que c'est une expérience extrêmement enrichissante, mais il y a toujours certains repères qui nous manquent.
Des bisous et à bientôt :)
un gros bisous de ta région pour te faire patienté et bientôt tu pourras enfiler un manteau douillé mais en attendant profite bien car tu n'auras peut'être plus l'occasion de rester dans un pays que tu ne connais pas tu amoncelle un tas de souvenir je t'envie quelque part en attendant de te revoir reçois mon meilleur souvenir ma petite étrangère bisous
Merci beaucoup ! C'est sûr que c'est une occasion unique. Des bisous :)