Jour 25. Je me suis plutôt bien adaptée à cette période de confinement, si bien que je pourrais penser que l’histoire de Raiponce a été plagiée sur la mienne. Vraiment, j’ai l’impression d’être retournée à l’époque des grandes vacances, quand j’étais au lycée, et que je ne faisais rien d’autre de mon été que manger n’importe quoi, jouer au Sims jusqu’à 4h du matin et tenter d’écrire par-ci, par-là. L’extérieur ne me manque pas tant que ça – je ne le fréquentais pas beaucoup, de toute façon – et la vie sociale est même devenue plus riche en ces temps d’isolement. J’ai tellement le sentiment que cette période temporaire est devenue ma normalité, que j’en viens à arriver en retard aux visioapéro, voire carrément à « oublier » d’y participer. Il faudrait pas déconner, ce n’est pas parce qu’une pandémie nous frappe que je vais commencer à me pointer aux soirées.
Ce n’est pas que je n’ai pas envie de me socialiser, c’est juste que je préfère quand tout se passe comme ça m’arrange. Du coup, quitte à trinquer par écrans interposés, j’ai opté pour les sims au lieu des rendez-vous entre copains. Ce n’est pas ma faute, tout a commencé quand des copines chômeuses (par habitude ou par la force des choses) s’y sont remises. C’est un peu comme une addiction, ce jeu : vous pouvez passer 6 ans sans y penser, puis on vous agite le jeu sous le nez, et bam, sans vous en rendre compte vous avez acheté pour 100€ d’extensions (mais en même temps, le pack université n’est pas aussi drôle sans le pack citadin, et puis celui sur le monde des sorciers vous étiez obliiiiigée de l’acheter parce que, quand même, c’est ultra stylé d’avoir un sims qui a des pouvoirs). Du coup, il se pourrait que je me sois un peu perdue dans les méandres des Sims 4 après mes heures de travail, depuis une semaine. Au moins, là-bas, je peux avoir 206 chiens, des enfants que j’oublie dans un coin, trois amoureux, une petite fortune, des fans, et je peux regarder ma Sims faire un craquage nerveux tout en buvant un smoothie à la banane sans avoir envie de me jeter par la fenêtre.
Malgré cette petite vie fictive trépidante à mener, j’ai tout de même tenu à montrer à mes grands mères que je pensais à elle. Pénurie oblige (on vous voit, les guignols qui dévalisent la Farine T80 comme si c’était du THC), j’ai d’abord dû mener un combat corsé contre mes colocataires qui voulaient préserver leur unique paquet de farine envers et contre tous. Mais j’ai profité de l’heure de la sieste pour faire une fournée de cookies à mes grands-mères, le tout sans un bruit, telle une ninja de la bienveillance (aka : j’ai fait tomber le paquet de farine, me suis cognée en sortant la plaque de cuisson du placard et le minuteur peut être très strident, quand il veut). En cherchant du sucre vanillé, je suis tombée sur une bouteille de kirsch. J’en ai mis une bonne lichée dans la pâte, songeant que que si on faisait l’apéro à la maison, il n’y avait pas de raison pour que mes mamies ne se cuitent pas un peu pour passer le temps plus vite. Du coup, les cookies sont devenus des cookirchs. Niveau dévotion, on ne trouve pas petite fille plus impliquée. Je me suis ensuite rendue, après maints lavages de mains m’ayant décapé l’épiderme, chez mes grands-mères vivant à une rue pour leur donner discrètement ces biscuits de contrebande. Je ne me suis jamais sentie aussi filoute qu’en laissant les petits sachets de cookies accompagnés de mots d’amour sur leur boîte au lettre, avant de sonner puis de m’éloigner de la porte en courant, pour crier par-dessus la clôture : la voie est libre, je t’ai apporté un petit quelque chose ! C’est dire à quel point j’ai entrepris des expéditions dangereuses dans ma vie. Depuis ce jour, nous n’avons plus de nouvelles des mamies : j’imagine qu’elles décuvent encore, il faut dire que je n’ai pas eu la main leste sur le kirsch.
Quand je me suis rendu compte que mon corps était en train de prendre la forme du matelas qui est le seul lieu de la maison où je peux travailler dans le calme (et jouer aux sims, et regarder Netflix le soir), et quand j’ai compris que je ne pourrais pas bourrer mes grands-mères toutes les semaines avec une activité pâtisserie, j’ai décidé de me prendre en main et de reprendre le sport. L’une de mes amies m’a dit qu’elle s’entraînait intensément avec Pamela. Je lui ai dit que ça ressemblait à un nom de vibromasseur, et que comme j’étais confinée avec mes parents, le projet ne m’emballait pas trop. Elle a été un peu choquée : Quoi ? Mais tu ne connais pas Pamela ? Attends, je t’envoie sa chaîne Youtube, tu vas voir qu’avec elle on va avoir des summer bodies de dingue. Tout de suite, le projet m’a un peu plus emballée, vu qu’on sera sûrement déconfinés pile au moment où la mer commencera à être bonne, ça me laissait entrevoir quelques semaines pour devenir à peu près bonne moi aussi. J’ai donc commencé mes premières sessions avec Pamela, qui relève plus du Kapo nazi que de la fitgirl aux exercices qui te font pas trop grimacer. Parce que bon sang, j’ai grimacé un paquet de fois ! Après l’entraînement, il m’a fallu 2 jours pour réussir à me relever des toilettes sans m’appuyer contre le mur. Le pire, c’est que j’ai même pas vu apparaître un abdo. Je ne désespère pas qu’une plaquette de chocolat, même un peu fondue, se dessine d’ici la fin du confinement. Et sinon, j’en mangerai une pour me consoler.
Pour ceux qui voudraient envoyer des petits mots à des personnes isolées, à leurs grands-parents, à des soignants… J’utilise l’application mobile « Fizzer ». Ce n’est pas du tout un placement de produit, j’y suis juste habituée pendant mes voyages et je l’ai réutilisée pour adresser des cartes aux personnes à qui je rends visite en EHPAD avec les Blouses Roses, en temps normal. J’ai pensé que l’idée pourrait intéresser certains d’entre vous. Si vous utilisez le code de parrainage PAULI421818, cela nous permettra de gagner 2 crédits (= 2 cartes envoyées) chacun. Ainsi, tout en faisant une bonne action, vous m’aiderez à en faire plus de mon côté. Vous pouvez personnaliser la carte à 100% (vous utilisez vos photos pour la couverture, pouvez ajouter du texte et une signature à la main) et vous écrivez ensuite votre texte en choisissant la police de caractère qui vous plaît le plus. Les cartes sont imprimées au siège de Fizzer et envoyées le lendemain sous enveloppe affranchie, elles arrivent sous 3 jours, et ce système vous évite de sortir jusqu’à la poste et limite le nombre de personnes qui va manipuler la carte. Encore une fois, ce n’est pas un placement de produit, juste ma modeste contribution et j’ai pensé que cela pourrait en intéresser certains 🙂
Aussi, je pense que c’est une période particulière et nous avons tous des hauts et des bas. Je reçois vos petits mots d’impatience quand je ne publie pas de nouvel article pour le journal de confinement. Votre enthousiasme me touche énormément et savoir que j’arrive à vous faire sourire est une récompense inestimable. Mais sachez que je continue à travailler à temps plein, et ces articles me demandent tout de même un peu de temps. Or, je pense que ce confinement, s’il est l’occasion d’essayer de nouvelles choses et de partager, ne doit pas imposer une productivité et une créativité à tout prix. Il est important de prendre soin de soi, de déconnecter un peu (surtout avec toutes les nouvelles anxiogènes qui circulent), et j’essaie aussi d’avancer sur le 5e roman 🙂 Sachez que dès que j’ai assez de matière pour un nouveau billet, je me dépêche de le faire, mais je suis assez sensible à ces petits retours impatients. Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé le moyen de rajouter des heures aux journées, et je n’ai pas envie de me rajouter de la pression sur quelque chose qui est censé nous faire plaisir à tous.
Je vous embrasse fort et à très bientôt pour un prochain billet ! Si vous avez loupé le dernier, rendez-vous ici !
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Sacrée Pamela !
Que ferions-nous sans elle ?
Chère Pauline,
Au nom de la ligue des II (Imbéciles Impatients), je te prie de bien vouloir recevoir nos excuses pour ces messages égoïstes de confinés frustrés. En effet, nous avons tendance à oublier que derrière la plaisante plume se cache la personne, et que même si ton écriture paraît couler aussi facilement que ce sympathique virus se propage, efforts et temps sont nécessaires pour faire cette belle ouvrage.
Ce n'est pas parce que tes articles sont aussi addictifs que le sont probablement tes CooKirsch, que nous devons nous comporter en junkies.
Et je suis bien placé pour dire ça, car de cette ligue, je crois bien en être le Président !
Merci :)