Publier deux romans coup sur coup début 2022, cela donne forcément l’illusion d’être un auteur prolixe que rien n’arrête. Pourtant, depuis l’écriture de La Solitude des Grandes Villes, impossible de donner vie à un autre projet. Ce n’est pas faute d’avoir des idées. J’ai même un nouveau roman qui accapare toutes mes pensées. Mais à chaque fois que je m’assieds à mon clavier, le doute m’assaille et les mots se bloquent.
Habituellement, je m’accorde quelques jours par an pour partir m’isoler dans une cabane ou un gîte où écrire sans être dérangée. Cette année, l’idée de me retrouver seule avec mes blocages m’angoissait. J’avais peur de procrastiner, de ne plus savoir comment prioriser l’écriture dans une période de ma vie où trop d’éléments envahissaient ma bande passante. Nouveau boulot, nouveaux amis, nouvelles activités, un mariage à préparer… J’avais beau être archi-mega-supra organisée, je me sentais parfois vaciller. Ce n’est pas que je ne savais plus ménager du temps pour l’écriture, c’est que j’avais laissé mon nerf de la créativité se griller depuis des années. Et les conséquences devenaient flagrantes. Pour m’y remettre, il me fallait innover. Et c’est ainsi que du 2 au 7 octobre 2023, je suis partie en résidence d’écriture avec les Effrontées. Pour la première fois, j’entreprenais une retraite accompagnée.
Si d’habitude le simple fait de sortir de ma routine m’aidait à me débloquer, cette fois, c’est du coaching qu’il me fallait. Du risque, des contraintes. Des comptes à rendre. Je l’ai compris au détour d’une simple story Instagram qui présentait la Maison des Effrontées. Une résidence d’écriture lancée par Clémentine Kuhn, avec Anne-Gaëlle Huon et Sophie Astrabie pour marraines des premières éditions.
Participer à des ateliers d’écriture organisés par des auteures reconnues, m’immerger dans un environnement avec des participantes qui partagent la même passion et les mêmes défis… C’était l’occasion de quitter la routine tout en étant stimulée. Moi qui avais toujours refusé de partir en colonie dans mon enfance, j’étais soudain prête à m’enfermer toute une semaine avec de parfaites inconnues. J’ignorais si ce nouveau format de retraite me conviendrait, mais j’étais prête à essayer. Car j’avais laissé l’écriture m’échapper trop longtemps, et si je n’écrivais plus, je ne savais plus qui j’étais. Il ne m’a pas fallu plus de 15 minutes pour m’inscrire une fois le programme découvert. Repousser, c’était risquer de me défiler.
Plutôt solitaire, habituée à écrire en secret au détour d’un café ou à l’abri dans mon lit, j’ignorais tout des effets de la force du groupe sur ma capacité à écrire. Pour tout vous dire, il n’y a dans mon entourage qu’une seule passionnée d’écriture, et elle a eu la bonne idée de partir vivre à 880 kms. Alors cette partie de moi, je n’ai jamais su la partager avec mon entourage qu’à travers le fait d’être lue. Et être lue, c’est connaître l’urgence de plaire, le besoin de satisfaire. Une pression qui ne m’a pas aidée à lâcher prise ces derniers mois, quand je me relisais inlassablement en souhaitant tout effacer au lieu d’avancer.
En participant à la résidence d’écriture des effrontées, je me suis entourée de femmes venues écrire leur histoire. Qu’il s’agisse de romans ou de projets entrepreneuriaux. De femmes qui, comme moi, étaient en proie au doute. Et qui, comme moi, refusaient de se laisser tomber.
Au cours de cette résidence, de nombreux ateliers m’ont permis de coucher sur papier mes peurs et mes doutes. Les échanges avec les intervenantes, toutes plus inspirantes les unes que les autres, m’ont aidée à me réapproprier mon projet. Et à l’aide d’exercices d’écriture chronométrés, m’obligeant régulièrement à sortir de ma zone de confort, je me suis redécouvert la capacité d’écrire. Parce qu’il me fallait parfois écrire la scène du roman d’une autre participante, pour l’aider à se débloquer, ou travailler à partir d’une photo en vue d’une lecture dans 30 minutes, je n’avais plus le loisir de fixer mon fichier Word dans le vide. Je refusais de laisser tomber une autre participante là où quelqu’un allait m’aider sur mon roman. Je refusais de me présenter à la session de lecture sans quelque chose à montrer. Pressée par le temps, je ne laissais plus place au manque de confiance. Le simple fait de réussir à produire de petits bouts de texte m’a permis de renouer avec cette sensation de frénésie et de plénitude que l’écriture m’a toujours procuré. Comme un muscle qui se réveille et se gonfle sous l’effort, mon écriture s’est à nouveau révélée.
Le plus dur, ce n’est pas de créer la magie pendant la résidence d’écriture, mais de l’entretenir une fois revenue au quotidien. Je sais que ce ne sera pas évident. Néanmoins, cette résidence m’a permis de revoir mon planning et d’établir des plans d’action. Écrire, c’est un rendez-vous avec moi-même. Une façon de prendre soin de moi. Sans cette stimulation créative, je m’éteins. Alors si je suis incapable de vous dire pour l’instant quand je finirai mon sixième roman, je peux vous promettre une chose : 2024 sera l’année où je redeviendrai romancière.
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